Dossier: Le Dieu incomparable
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Dieu au contrôle de notre monde et de son histoire (Ésaïe 46.9-13)

Dieu est-il au contrôle de notre monde et de son histoire ? C’est une pensée troublante quand on
considère l’histoire tourmentée des hommes… Dieu s’est-il laissé dépasser par les événements ou les a-t-il contrôlés ? Quand un ange a l’orgueil de se rebeller contre lui et devient Satan ?
Quand Ève prend un fruit interdit, devant Adam qui ne dit rien ? Quand Nebucadnetsar dévaste le royaume de Juda et emporte l’élite du peuple en captivité ? Quand Néron brûle les chrétiens de Rome ? Quand la peste noire emporte 70 à 100 millions d’hommes au XIVe siècle ? Quand Hitler fait tuer des millions de Juifs ? Quand un tsunami fait 230 000 morts en 2004 ?
Aux yeux des hommes, Dieu n’est jamais sur le podium pour les belles choses de la vie, mais il est toujours sur le banc des accusés pour toutes ces calamités. Une dissymétrie qui en dit long sur le cœur humain.
Pourtant, le prophète Ésaïe nous présente un Dieu qui règne de façon absolue. Contrairement aux idoles de bois qui ne contrôlent que par l’imagination qu’elles suscitent. Dieu règne.
Il contrôle.

1. Dieu contrôle tout selon ce qu’il est (46.9)

Souvenez-vous des premiers événements ; car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, je suis Dieu, et rien n’est semblable à moi.
Dieu est. Il exerce son règne selon sa nature, selon ce qu’il est. Chacune de ses décisions, chacun de ses actes s’exprime selon l’ensemble de ses attributs : il exerce sa souveraineté avec sainteté, avec justice, avec amour, avec patience, avec bienveillance, avec colère…
Dieu agit ainsi très différemment de nous : si je suis irrité, le peu d’amour que j’ai dans le cœur s’éloigne très vite de moi. En sorte que mon irritation n’est pas juste, parce qu’elle est égoïste et dénuée d’amour. À l’inverse, quand Dieu exprime son jugement, ou quand Dieu décrète ou permet un événement tragique, ce n’est jamais sans lien avec d’autres attributs de sa personne, à savoir l’amour, la volonté de sauver, la sagesse, etc.
Le verset 9 nous exhorte à considérer « les premiers événements ». Nous devons méditer sur les œuvres passées de Dieu — notamment quand la vie est dure — pour être émerveillés par la manifestation de sa souveraineté.
Ce que Dieu a réalisé dans le passé ne peut que nous éblouir. Noé, Lot, Rahab, Ruth, etc., dans leurs épreuves, ont bénéficié de la grâce de Dieu qui s’alliait à sa puissance et à sa souveraineté. Dieu est le même. Son caractère n’évolue pas et ne change pas. Ses attributs restent identiques dans ses jugements comme dans ses actes de sauvetage.
Voilà un bon thème de culte personnel : se souvenir des actes rédempteurs de Dieu dans l’histoire, puis basculer sur les actes rédempteurs de Dieu dans notre histoire personnelle.
Ésaïe enchaîne avec plusieurs qualités qui sont propres à Dieu :
● Il « est » (« Car je suis Dieu »). Son existence est indépendante de toute autre, à l’inverse de
la création qui elle, est dépendante. Dieu ne l’est pas. Il n’a ni commencement ni fin.
● Il est « autre » (« Et il n’y en a point d’autre »). Dieu est unique en son genre et personne n’entre en compétition avec lui. Dieu n’a pas de rival — pas même Satan qu’il contrôle.
● Il est incomparable (« Rien n’est semblable à moi »). Tout ce que nous pouvons formuler au sujet de Dieu restera partiel, car il n’existe aucune comparaison adéquate. Les théologiens parlent de l’incompréhensibilité de Dieu… Il nous dépasse dans son être, sa volonté, et ses œuvres. Personne ne peut avoir une perspective complète sur Dieu.
En contemplant la souveraineté de Dieu, la première attitude qui nous convient est l’humilité !
Nous devons saisir, par la foi, que la souveraineté de Dieu s’exprime d’une manière intelligente, parce que Dieu est intelligent, d’une manière aimante, parce que Dieu est aimant, d’une manière juste, parce que Dieu est juste, etc. Mais sans que l’on puisse nécessairement le comprendre parce
qu’il est au-delà de toute compréhension exhaustive. Toutefois, je peux le connaître — tout comme je connais ma femme, mais je ne la comprends pas toujours !

2. Dieu contrôle tout selon son projet (46.10)

 J’annonce dès le commencement ce qui vient par la suite et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : mon projet tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire.
Le début du verset 10 évoque son omniscience sur tous les événements futurs. La fin du verset affirme qu’il a la puissance d’accomplir ce qu’il veut réaliser. Les verbes ne laissent aucune ambiguïté sur l’activité de Dieu : il annonce, il dit, il appelle. Il est au contrôle !
Face aux tenants du « théisme ouvert » qui enseignent que Dieu autolimite sa puissance et son omniscience par amour, pour laisser une authentique liberté aux humains, Bruce Ware observe : « Il n’y a pas moins de neuf sections distinctes en Ésaïe 40 à 48, répétées de différentes manières, mais clairement pour relever un même objectif : le  Dieu véritable et vivant, contrairement aux faux dieux imposteurs, se reconnaît comme le Dieu véritable parce que lui seul peut annoncer avec exactitude ce que le futur sera. » 1 Pour Ésaïe, le théisme ouvert est une juste description des idoles. Pas de Dieu. À l’inverse des idoles, ce que Dieu décrète, il l’accomplit. Il a dit qu’une femme enfanterait celui qui écraserait le diable — et il l’a fait : la vierge a enfanté un fils. Il a dit que son serviteur payerait pour les péchés des hommes — et il l’a fait : Jésus est mort
pour nous. Il a dit qu’il ne laisserait pas son Saint voir la corruption et qu’il serait délivré de la tombe — et il  l’a fait : Jésus est ressuscité.
Notre vision de Dieu est souvent binaire :
– soit il est le joueur d’échec qui déplace les pièces sur l’échiquier,
– soit il est le bon grand-père débordé par les enfants qui jouent dans le parc.
Mais cela va à l’encontre du premier point que j’ai souligné : aucune comparaison n’est possible. Il n’est ni le grand-père ni le joueur d’échec !
Oui, Dieu contrôle tout. En reprenant les termes d’Éphésiens 1.11, il est celui qui « opère tout selon la décision de sa volonté ». Et tout ceci est fondé sur sa souveraineté absolue. Dieu est capable d’accomplir ce qu’il désire et n’est pas limité dans son pouvoir :
● « Notre Dieu est au ciel. Il fait tout ce qu’il veut » (Ps 115.3).
● « Tout est possible à Dieu. » (Mat 19.26) ou « Rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1.37).
● « Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans les abîmes » (Ps 35.6).
Oui, assurément, Dieu « exécutera tout ce qu’il désire » (cf. 46.10).

3. Dieu contrôle tout selon sa providence (46.11)

J’appelle de l’orient un oiseau de proie, d’une terre lointaine l’homme qui accomplira mes projets, ce que j’ai dit, je le fais arriver ; ce que j’ai conçu, je l’exécute.

La manière dont Dieu règne est complexe et compliquée ! Ici Ésaïe nous dit que Dieu est la cause première, mais non la cause intermédiaire. L’« oiseau de proie » qui vient de l’orient est une référence à peine voilée à Cyrus, ce roi perse, dont l’étendard était un aigle. Longtemps avant qu’il ne surgisse sur la scène de l’histoire, Dieu dit qu’il viendrait, et qu’il accomplirait son projet — à savoir :
● la conquête de Babylone, l’adversaire d’Israël,
● la libération d’Israël de la captivité et la reconstruction du Temple.
Mais comment Dieu a-t-il conduit Cyrus à venir inverser l’œuvre de Nebucadnetsar ? Jérémie dit à propos de ce dernier : « Tu as été pour moi un marteau, des armes de guerre. J’ai martelé par toi des nations, J’ai détruit par toi des royaumes » (Jér 51.20). Puis il ajoute : « Je rendrai à Babylone et à tous les habitants de la Chaldée tout le mal qu’ils ont fait à Sion sous vos yeux — Oracle de l’Éternel » (Jér 51.24).
L’analogie du joueur d’échecs tombe à l’eau : si Dieu est cause ultime de l’action de Nebucadnetsar, ce dernier reste pleinement responsable de ses actes. En sorte que le contrôle de Dieu est compatible avec la responsabilité de Nebucadnetsar. Dieu a-t-il forcé la main de Nebucadnetsar pour agir contre Israël ? Je suggère l’inverse : Dieu a plutôt relâché son contrôle pour livrer Nebucadnetsar à ses penchants naturels.
Une clé importante pour comprendre la souveraineté divine est de réaliser que cette souveraineté œuvre pour éviter le pire. Les gens s’offusquent de ce que Dieu contrôle toute chose — mais je dis l’inverse ! Heureusement que Dieu est au contrôle, notamment pour tempérer les ardeurs pécheresses de l’homme. Par son règne, Dieu réduit l’expression du mal. Le problème n’est pas la souveraineté contraignante de Dieu ; le problème vient quand il enlève sa contrainte sur l’humanité
(cf. Rom 1.24,26,28 ; 2 Th 2.6). C’est une expression de sa bienveillance, de la grâce commune, que
notre humanité ne se dévore pas davantage ! C’est une expression de son amour quand la terre ne s’effondre pas en tremblements de terre et en ouragans constants.
Que Dieu contrôle toutes choses ne signifie qu’il appuie sur les boutons d’automates. Il agit selon les lois naturelles, les lois psychologiques, les circonstances, etc.
Nulle part mieux que lors de la crucifixion de notre Seigneur Jésus, ne sont visibles la souveraineté providentielle de Dieu et la responsabilité humaine : « En vérité, contre ton saint serviteur Jésus, à qui tu as donné l’onction, Hérode et Ponce Pilate se sont ligués, dans cette ville, avec les nations et avec les peuples d’Israël, pour faire tout ce que ta main et ton conseil avaient déterminé d’avance »
(Act 4.27-28).

4. Dieu contrôle tout selon son plan de salut (46.12-13)

Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, si éloignés de la justice ! je fais approcher ma justice : elle n’est pas loin, et mon salut : il ne tardera pas. Je mettrai le salut en Sion, pour Israël, ma parure.
Le contrôle de Dieu s’exerce selon un axe rédempteur. Il contrôle toutes  choses en vue d’accomplir un objectif : « que nous servions à célébrer sa gloire » (Éph 1.12). Dieu appelle à lui les élus de tous les temps, de toute nation. Et Dieu pèse sur l’histoire en sorte que tous ceux et toutes celles qui sont destinés à la vie éternelle entendent la proclamation de l’Évangile et soient sauvés (cf. Act 13.48).
Ésaïe annonce que la justice vient. Il suffit de lire Ésaïe 53 pour voir à quoi ressemble cette justice : un serviteur souffrant qui vient justifier ses enfants par sa mort expiatoire. Oui, son salut n’a pas tardé. John MacArthur a observé qu’il y avait beaucoup plus de conversions après des tremblements de terre. Comme quoi, la souveraineté de Dieu dans son appel est médiée par des événements très terrestres !
L’entrée dans le royaume de Dieu varie d’un homme qui toute sa vie cherche la perle rare à celui qui tombe sur un trésor sans l’avoir cherché (cf. Mat 13.44-45).
En sorte que nous ne pouvons pas nous dire : « Je ne fais rien puisque Dieu règne. » À l’inverse, parce que Dieu règne, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour aimer ceux qui m’entourent et pour que le commandement de l’Évangile retentisse à toutes les oreilles !
Nous sommes devant le Seigneur :
● transgresseurs de sa loi : coupables devant sa sainteté,
● souillés et honteux : exclus de sa présence,
● apeurés et crispés : voués à des forces qui nous dépassent.
Mais, souverainement, en Jésus-Christ :
● Dieu accorde le pardon : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Cor 5.21).
● Dieu accorde l’honneur : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant malédiction pour nous, puisqu’il est écrit : Tout homme pendu au bois est maudit » (Gal 3.13).
● Dieu accorde la victoire : « Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans l’esclavage » (Héb 2.14-15).
Le règne de Dieu est bon, son contrôle est intelligent, son action est rédemptrice — même si elle nous dépasse.

Conclusion

Nous avons besoin de cet te transcendance majestueuse et souveraine, source  d’espoir.  N’abandonnons pas la notion de la souveraineté de Dieu. Elle est précieuse. Même dans nos chutes, Dieu exerce son règne. Jésus prévient Pierre, qui allait pécher, que, même en cela, il était sous l’autorisation de Dieu : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu à moi affermis tes frères » (Luc 22.31-32). Quelques jours plus tard, il lui adressera cette question : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » (Jean 21.15-17). Nos vies tout entières sont dans sa main.

Dieu permet, Dieu décrète. Son règne est mystérieux, mais bien réel.
Terminons en citant la Confession de foi dite de La Rochelle (1559) :
« Ainsi, en confessant que rien ne se fait sans la providence de Dieu, nous adorons avec humilité les secrets qui nous sont cachés, sans nous poser de questions qui nous dépassent. Au contraire, nous appliquons à notre usage personnel ce que l’Écriture sainte nous enseigne pour être en repos et en sécurité ; car Dieu, à qui toutes choses sont soumises, veille sur nous d’un soin si paternel qu’il ne tombera pas un cheveu de notre tête sans  sa volonté. Ce faisant, il tient en bride les démons et tous nos ennemis, de sorte qu’ils ne peuvent nous faire le moindre mal sans sa permission. » ■

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  1. Bruce Ware, Their God Is Too Small, p. 36. Cf. És 41.21-29 ; 42.8-9 ; 43.8-13 ; 44.6-8 ; 44.24-28 ; 45.20-23 ; 46.8-11 ; 48.3-8 ; 48.14-16.
Dossier : Le Dieu incomparable
 

Varak Florent
Florent Varak est pasteur, auteur de nombreux livres. Il est aussi conférencier, et professeur d’homilétique à l’Institut biblique de Genève. Il est le directeur international du développement des Églises au sein de la mission Encompass liée aux églises Charis France. Il est marié avec Lori et ont trois enfants adultes ainsi que quatre petits-enfants.