Dossier: Le Dieu incomparable
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« Tu ne feras point d’image taillée »

Tandis que le premier commandement interdit principalement l’adoration de faux dieux (Ex 20.1-3), le deuxième commandement interdit également la création d’images ou de représentations
du seul vrai Dieu et de celles de faux dieux.
L’explication de cette interdiction est apportée par le verset 23 :« Vous ne ferez point des dieux d’argent et des dieux d’or, pour me les associer ; vous ne vous en ferez point. »
Dieu connaissait le cœur de l’homme et sa tendance à l’idolâtrie (cf. Ex 32 et le triste épisode
du veau d’or).

1. Qu’est-ce que l’idolâtrie ?

Le mot « idole » a pour signification : image représentant une divinité que l’on adore comme si elle était la divinité elle-même. L’idolâtrie est le culte rendu à un dieu, elle s’appuie sur la fabrication d’un objet ou d’une image que l’on adore comme si cet objet ou cette image était en fait Dieu.

Que dit la Bible sur les idoles ?

Les idoles ne sont pas des dieux mais des ouvrages fabriqués par des hommes (1 Cor 8.4 ; És 37.18-19). Les adeptes du culte païen leur associent une divinité, mais l’idole ne représente pas de vrai dieu. Ce sont des forces occultes et sataniques, bien réelles, qui jouent le rôle de la divinité. Satan et les démons se chargent de se faire passer pour ces dieux (2 Thes 2.9-11 ; Apoc 13.11-15). L’A.T. donne plusieurs exemples d’idolâtries :
● le peuple d’Israël et le veau d’or (Ex 32) ;
● les royaumes divisés sous l’influence des rois Jéroboam et Roboam (1 Rois 14.15,22-23) ;
● les Philistins et le dieu Dagon (1 Sam 5.1-7).

2. L’interdiction de l’idolâtrie

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre (Ex 20.4).
Les hommes aiment fabriquer des objets. Des maisons, des voitures, des avions, des bateaux, des tables, des chaises, des cafetières, etc. Et une fois qu’on les a fabriqués, nous avons du plaisir à les utiliser. Nous aimons les créer, et nous pouvons en devenir tellement amoureux qu’ils peuvent devenir nos dieux. Ils prennent notre temps, notre argent, notre énergie, et on y sacrifie parfois même notre propre santé, nos mariages, nos familles, au nom des choses que nous fabriquons ! L’un des grands problèmes des hommes est que nous sommes des « homo idolatricum ».

Mais pourquoi sommes-nous par nature des « homo idolatricum » ?

Nous avons été créés par Dieu pour adorer (Ecc 3.11). Par nature, nous adorons, et nous devons nous interroger sur « qui » ou « quoi » nous adorons. À cause de notre péché qui nous éloigne de Dieu, nous sommes par nature des hommes nés idolâtres ! (Act 17.16-31).
L’expression « image taillée » est utilisée de deux manières dans l’A.T. :
● une représentation de l’Éternel sculptée en bois ou en pierre (Jug 17.3),
● une représentation sculptée d’un dieu païen (2 Rois 21.7).
Les deux cas de représentations sont formellement interdits par ce commandement, la représentation étant un objet fabriqué. Ce commandement interdit aussi la représentation d’objets issus de la création, qui sont dans les cieux (les oiseaux et les astres), sur la terre (les animaux et les plantes) ou dans les eaux (les poissons). Ces choses représentaient entre autres des divinités païennes égyptiennes. Dieu rappelle cet interdit parce que, contrairement à ce que les Hébreux ont vu en Égypte, lui ne s’est pas laissé voir à eux à Horeb, lorsqu’il leur parla du milieu du feu (Deut 4.14-20,23-24).
Le N.T. n’est pas en reste sur la nature idolâtre des hommes et les représentations qu’ils se fabriquent : au lieu de glorifier Dieu, ils vont jusqu’à le remplacer par un homme mortel, alors que
le bon sens permet de connaître Dieu par la création (Rom 1.18-23).

Avertissement contre l’idolâtrie

La Bible nous avertit aussi à plusieurs reprises des conséquences de l’idolâtrie, en raison de la gravité de ce péché (Lév 19.4 ; 26.1). Elle qualifie cet acte d’abomination (Deut 27.15). Dans le N.T.,
l’apôtre Jean rappelle cela en terminant sa première Épître par ces paroles : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21.

Qu’en est-il de l’art ?

Le deuxième commandement n’interdit pas l’art. Il interdit l’idolâtrie. Ce sont deux choses très différentes. L’art, la sculpture ou la peinture peuvent être des moyens pour exprimer notre foi. Par exemple, le même jour, où Dieu a donné les 10 commandements, il a également instruit Moïse de façon précise sur les détails de la construction du tabernacle, et l’art y fut exprimé de manière majestueuse (Exode 25.17-22). Non seulement des chérubins furent sculptés, mais aussi des pommes et de fleurs servirent de décoration. Il en fut de même pour la construction du temple de Salomon avec des chérubins, des palmes et des fleurs épanouies (1 Rois 6.23-26,29- 30,33-34). Il y a donc une place légitime pour l’art religieux, dans le but d’illustrer certaines choses.
L’art a trois fonctions :
● La décoration : Il n’y a rien de mal à peindre la création de Dieu : paysages, montagnes,
fleurs, arbres, plantes, animaux, les océans, lacs et couchés de soleil. Dieu donne du talent, et il n’y
a rien de mal de l’utiliser ainsi.
● L’instruction : Il n’y a rien de mal à faire une représentation de l’arche de Noé pour un
but d’instruction, ou de faire une représentation du tabernacle, de Moïse qui fend la mer Rouge,
de David qui tue Goliath, d’Élie qui lance un défi aux prophètes de Baal, ou d’autres histoires bibliques.
● L’adoration : Contrairement à la décoration et l’instruction, la Bible interdit l’utilisation de l’art pour nous aider à adorer Dieu. Un danger pourrait être lié aux représentations de Jésus : premièrement nul ne sait quelle était son apparence physique, et deuxièmement, du fait que Jésus
est digne de notre adoration et qu’il est le Fils de Dieu, il pourrait y avoir confusion : une représentation de Jésus pourrait vite devenir un objet de dévotion.
L’interdiction des images est donc directement liée à l’acte d’adoration. Lorsque l’art devient la représentation d’un dieu, et que cet objet est adoré, alors nous outrepassons notre droit à l’art et violons le second commandement.

Les idoles aujourd’hui

Le N.T. perçoit l’idolâtrie comme allant bien plus loin que le simple acte de se prosterner devant des statues de bois. L’ennemi est bien plus subtil que cela. En fait, l’idolâtrie est tout ce qui
nous éloigne de Dieu et qui prend plus d’importance dans ma vie que lui.
La débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, la cupidité (c.-à-d. l’argent), etc., sont autant d’idoles qui peuvent prendre la place de Dieu (Col 3.5). Ce à quoi nous nous abandonnons, devient notre dieu. La plupart des gens dans le monde n’adorent pas Bacchus, le dieu romain du vin, mais beaucoup de gens adorent la bouteille ! La plupart des gens dans le monde ne se
prosternent pas devant Aphrodite, la déesse du sexe, ni devant Artémis, la déesse de la fertilité couverte de mamelles, mais beaucoup de gens se prosternent devant le sexe et en font leur dieu.

3. Le piège de l’idolâtrie

Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point (Ex 20.5a).
En se prosternant et en servant, on exprime notre adoration. Même en voulant vénérer des objets, on glisse rapidement vers l’adoration de l’objet et on le substitue au seul vrai Dieu. On ira aussi les servir. L’interdit de ce verset est donc précis et utile, car il évite à l’œil d’être attiré, et à l’âme d’être séduite et capturée. Le verbe « se prosterner » renvoie à l’idée de soumission, tel un vassal à son suzerain, tandis que le verbe « servir » renvoie à l’idée d’un maître. Dès lors, on se soumet à l’idole et celle-ci devient maître de la personne qui l’adore.
Déjà dans le contexte du premier commandement, l’adoration d’un dieu de fabrication humaine était interdite.
« Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux, et tu ne les serviras point ; tu n’imiteras point ces
peuples dans leur conduite, mais tu les détruiras, et tu briseras leurs statues » (Ex 2 3.24).
« L’Éternel avait fait alliance avec eux, et leur avait donné cet ordre : Vous ne craindrez point d’autres dieux ; vous ne vous prosternerez point devant eux, vous ne les servirez point, et vous
ne leur offrirez point de sacrifices » (2 Rois 17.35).

4. Le drame de l’idolâtrie

Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… (Ex 20.5b).
La vérité est la suivante : il n’y a qu’un seul Dieu, l’Éternel, le Dieu qui est jaloux. Être idolâtre équivaut à le haïr (Ex 20.3 ; Deut 6.4-5). Parce que Dieu est jaloux, l’adoration n’est due qu’à lui seul. Le mot « jaloux » peut avoir deux sens. Le premier sens exprime la suspicion, l’aguet, le manque de confiance et l’envie. Le second sens exprime la demande d’une dévotion exclusive, et c’est ainsi que Dieu se présente dès le premier commandement. Il se met en colère contre ceux qui s’opposent à lui.
Comme il est souverain et le seul Dieu, il ne permettra à personne d’usurper sa place. Dieu refuse de partager sa gloire et sa majesté avec une idole en bois ou en pierre  (És 42.8 ; 48.11).
Dieu promet fidélité comme un mari à son épouse. Si l’épouse se détourne de son mari pour un amant, elle commet l’adultère. Dieu compare cet adultère à l’idolâtrie (Jér 3.9 ; Éz 23.37 ; Osée
3.1). Son jugement tombera sur les idolâtres (Deut 32.21).

5. L’absurdité de l’idolâtrie

On se rend vite compte que l’idolâtrie n’a aucun sens. Ceux qui les fabriquent, seront dans la confusion car les idoles ne voient pas, n’ont pas d’intelligence (És 44.9) et sont incapables de sauver (És 44.20, 45.20). On leur apporte de la nourriture et des cadeaux, on leur offre de l’encens, on
les revêt d’habits, on les loge dans des pagodes, des temples, des habitations, on les dépoussière, on les nettoie, on leur allume des bougies. Les idoles ne mâchent, n’avalent et ne digèrent pas
la nourriture qui leur est offerte. Elles ne parlent, ne bougent, ne chantent, et n’aident pas ; elles ne font rien. Ceux qui les fabriquent sont aveugles, ils ne discernent plus, ne s’interrogent et ne constatent pas qu’elles leur mentent (És. 44.18-20). Pourquoi alors les adorer ?
En revanche, le vrai Dieu nous parle et il a parlé de manière audible aux Hébreux dans le désert du milieu du feu (Deut 4.11-12).

Pourquoi Dieu se manifesta-t-il ainsi aux Hébreux, au travers de sa voix ?

Les enfants d’Israël ont entendu Dieu, mais ne l’ont point vu. Comment est-il donc possible de fabriquer une représentation physique de Dieu, alors que personne ne l’a vu ? En effet, « Dieu est
Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.24). Il est donc absurde de vouloir représenter Dieu par une sculpture ou une image. Avec Dieu, la question n’est
pas de le voir ; au contraire, c’est une question de foi en quelqu’un qui n’est pas visible : « Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jean 20.29 ; cf. Héb 11.1)
Dieu s’est révélé par le biais de sa voix, justement pour que nous ne nous fixions pas sur une image qui va d’office réduire notre perspective. On va mettre Dieu dans une boîte à notre image. C’est pour cela que nous devons mettre dans nos églises l’accent sur la Parole de Dieu.

6. La conséquence de l’idolâtrie (v.5c)

… qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent (Ex 20.5c).
Comment comprendre ce verset ?
Nous sommes en présence d’une  phrase typiquement sémitique, qui ne doit pas être prise de manière mathématique, mais comme un principe vrai.
Moïse dit clairement que les enfants ne seraient pas punis pour les péchés de leurs parents (Deut 24.16 ; cf. Éz 18.19-32).
Mais il est également vrai que les enfants subissent l’influence des parents, lorsque ceux-ci enfreignent la loi divine, comme une conséquence naturelle à leur désobéissance et leur haine
de Dieu. Les enfants éduqués dans un milieu idolâtre s’en imprègnent et reproduisent ensuite
l’exemple des parents, développant eux-mêmes une haine envers Dieu. L’influence d’une génération désobéissante, dont la méchanceté est implantée de manière profonde, peut nécessiter plusieurs générations pour changer du tout au tout, mais rappelons aussi que la grâce rédemptrice de Dieu a le pouvoir de casser ce déterminisme et de libérer ceux qui sont sous ce type d’influence.
Il convient de faire une distinction entre les résultats naturels d’actions mauvaises liés à notre péché, et la punition directe infligée de la part de Dieu en réponse à cette action.
Le péché qui est puni ici, est la haine envers Dieu. En effet, toute personne idolâtre hait Dieu, et par conséquent, elle est punie par Dieu. Il est évident que la violation de la loi de Dieu par une génération va avoir des effets néfastes sur la génération suivante.
Mais le pécheur est puni pour son péché de haine, pas pour le péché de son père.
J’hérite de mes parents une nature pécheresse. Je peux également apprendre des comportements mauvais à cause d’eux. Mais je ne suis pas puni pour leur péché, je suis puni pour mon péché.
Si je décide de rejeter le seul vrai Dieu et d’adorer des faux dieux, devenant ainsi idolâtre, cela
pourra avoir un effet dramatique sur mes enfants. La sentence ultime des idolâtres sera leur exclusion du ciel (Apoc 21.8 ; 22.15).

7. L’antidote de l’idolâtrie

… et qui fais miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements (Ex 20.6).
De nouveau, ce verset use d’une phraséologie typiquement sémitique.
L’idée de « mille générations » est une phrase vague, un peu comme les « myriades d’anges » (Héb 12.22 ; Apoc 5.11).
Tandis que la méchanceté d’une génération influence la suivante, et que Dieu punit ceux qu’ils le haïssent, une génération qui aime Dieu, aura un effet positif sur les suivantes ; le contraire est donc également vrai. La décision d’adorer le seul vrai Dieu en esprit et en vérité, de l’aimer, de garder ses commandements, aura un effet positif sur les enfants.
L’accent devrait être mis sur ce verset, et l’enseignement à en retenir est la largesse infinie de la
bonté de Dieu pour ceux qui l’aiment et qui gardent ces commandements.
Certes Dieu punit ceux qui le haïssent, mais en contrepartie il bénit surabondamment ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements ! Par notre attachement à ses commandements, nous
prouvons notre amour pour lui.
Recevoir un héritage divin de la part de ses parents va clairement être une bénédiction pour les enfants, une sanctification particulière (1 Cor 7.14).
Néanmoins, chacun est redevable devant Dieu pour lui-même. Les parents ne peuvent pas croire pour leurs enfants, mais ceux-ci, en ayant des parents chrétiens, auront des facilités dans leur chemin de foi. La récompense de ceux qui adorent justement le seul vrai Dieu sera la félicité éternelle (Apoc 22.14,17). ■

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Dossier : Le Dieu incomparable
 

Glass John
John Glass est enseignant dans l’Église Évangélique Internationale de Genève, fondateur de Calvin Tours (calvintours.com), et titulaire d’un doctorat en théologie du Master’s Seminary à Los Angeles.