Dossier: Guerres et famines - Revue de livre
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Et Dieu changea ses plans (Extraits)

Introduction de Silvain Combe

Les chrétiens peuvent se sentir impuissants face aux épreuves de la vie, parfois extrêmes (guerre, famine…).
Même si l’on croit que Dieu peut faire des miracles, on craint parfois de les lui demander et l’on se laisse facilement aller à baisser les bras. Pourtant, Dieu semble parfois « attendre » nos prières pour changer le cours des choses : « L’Éternel voit avec indignation qu’il n’y a plus de droiture. Il constate qu’il n’y a personne, il est consterné en voyant qu’il n’y a personne pour intercéder » (És 59.15-16 ; S21).

Avec une foi vivante et un enthousiasme rafraîchissant, Frère André nous rappelle dans ce livre que nos prières peuvent « déplacer des montagnes ». Elles peuvent « amener Dieu à changer d’avis sur ce qu’il permet à Satan de faire » (p. 150). Ce « changement de plan » n’est donc pas une véritable atteinte ou un défi à la volonté de Dieu. Si certaines expressions de cet homme de foi nous semblent aller un peu loin dans ce livre, sa fraîcheur et ses rappels concrets sont néanmoins inspirants.
Il encourage les chrétiens à faire confiance à Dieu, et pas seulement en théorie !

Extraits choisis

Le danger du fatalisme (p. 1-13)

L’attitude du fataliste semble refléter une foi en apparence remarquable : « je refuse de remettre en question la volonté de Dieu », dira-t-il avec une pieuse humilité. Mais cela suppose-t-il que pour lui tout ce qui se passe dans le monde, la guerre, la famine, l’oppression, l’effondrement de la famille et de la société, l’exploitation des faibles et des innocents, la dégradation de ce qui est pur, est bien ? « Si Dieu le permet c’est qu’il doit avoir une bonne raison », avancera-t-il, « et je ne puis espérer comprendre les raisons de Dieu avec ma petite cervelle, alors j’accepte par la foi ce qu’il fait et je loue le Seigneur en tout temps ». Et l’on répondra, admiratif : « Quelle foi ! »
Ce genre de foi n’a toutefois aucune puissance, car elle ne repose pas sur de bonnes bases. Appelez-la comme vous le voulez — karma, destin, sort, kismet — c’est toujours la même réalité plus ou moins déguisée : nous ne pouvons modifier ce que Dieu a écrit, et notre devoir consiste simplement à nous laisser porter par le mouvement du programme défini par Dieu. Cela semble rendre la vie simple, n’est-ce pas ? Oui, et c’est précisément là que réside une partie de son attrait. Les fatalistes peuvent être détendus puisqu’ils ne sont plus responsables. Ils n’ont plus besoin d’obéir à Dieu ni de résister au mal.

La puissance de la prière (p. 16-17)

Malheureusement, ils ne comprennent pas que, avant que ce soit trop tard, le courant qui semble leur procurer un parcours agréable et sûr est en réalité en train de les aspirer toujours plus rapidement vers un tourbillon mortel – et l’anéantissement. C’est une des stratégies les plus fondamentales de Satan tout au long de l’histoire. Il continue de l’employer parce qu’elle a bien réussi, depuis longtemps. Mais nous ne devons pas lui permettre de réussir ! Nous avons le pouvoir de lui résister et de le vaincre, et Dieu a placé entre nos mains l’arme qui peut nous le permettre. Cette arme, c’est la prière.
Rien ne rend Satan plus craintif qu’un chrétien qui comprend la puissance de la prière : parce qu’il sait que Dieu ne refuse rien à ses amis. À mesure que nous connaissons mieux le Seigneur, que nous commençons à comprendre tout ce qu’il est, et réaliser tout ce qu’il a, nous ne sommes plus des victimes sans recours, ballotées par les tempêtes et les vagues que Satan suscite. Nous sommes, au contraire, capables de faire ce qui est impossible à Satan et à ses démons. Jésus nous dit :« Si vous avez la foi, si vous ne doutez pas… si vous dites à cette colline : “Soulève-toi de là et jette-toi dans la mer”, cela se fera. Si vous priez avec foi, tout ce que vous demanderez, vous l’obtiendrez » (Mat 21.21,22).
Il n’est donc pas étonnant que Satan cherche si ardemment à empêcher les chrétiens de s’engager dans une prière sérieuse ! Il n’a aucun pouvoir, aucune puissance qui puisse se comparer à celle-là. Voilà pourquoi je suis si préoccupé par le fatalisme chrétien. Il ne s’agit pas d’une simple interprétation doctrinale inoffensive, une variante mineure de la théologie chrétienne que nous pourrions tolérer.
Le fatalisme est une maladie paralysante qui a envahi le Corps de Christ ; les conséquences sont désastreuses : il infecte ses victimes avec une sorte d’apathie qui annihile leur volonté de résister au mal, tout en sapant leur détermination d’accomplir la tâche que Christ leur a confiée.

Ne pas craindre de faire des erreurs en priant (p. 77)

Abraham a trébuché, menti, trompé – mais quand Dieu écrivit sa biographie dans la lettre aux Romains, il déclara : « Abraham eut confiance en Dieu » (Romains 4.3). Nous pourrions dire : « Mais il a menti, il a trompé les autres ! » Ce n’est pas ainsi que Dieu le voyait. Il dit : « Abraham eut confiance en Dieu », un point c’est tout. Tout le reste n’était qu’accessoire. Abraham était innocenté, et non parfait. Il y a une grande différence entre les deux.
Nous sommes ainsi quand nous nous tenons devant Dieu en prière, justifiés mais non parfaits.
C’est une merveilleuse position.

Nous n’avons pas besoin d’avoir peur d’aller trop loin avec Dieu. Même si nous le faisons, il ne nous en tiendra pas rigueur.
Sa grâce est plus grande que nos erreurs.
Dieu sait que nous n’attendrons pas d’avoir toutes les données avant de prier, parce que nous ne pourrons jamais savoir tout ce qui concerne ses plans. Ce qui est de notre ressort, c’est de chercher avec ferveur à le connaître, d’étudier les indices circonstanciels, d’écouter les directives du Saint Esprit, de tenir compte de ce que nous connaissons de son caractère, de tirer de tout cela des conclusions raisonnables et de prier en conséquence. Dans la mesure où nous le faisons, Dieu nous apprendra à commettre toujours moins d’erreurs, et nos prières deviendront de plus en plus efficaces. Il se peut que nous l’entendions et le comprenions souvent imparfaitement, mais il continue à faire en nous l’œuvre qu’il a promise : nous perfectionner à mesure que nous nous rapprochons de lui.

Tout cela peut nous paraître plus complexe que les révélations miraculeuses de l’époque de l’Ancien Testament, mais c’est aussi beaucoup plus instructif.
Dieu nous apprend, de manière pratique, souvent par nos tâtonnements, comment mettre en œuvre la connaissance qu’il nous a accordée.

Il ne peut donc y avoir de péché dans le fait de demander à Dieu tout ce que nous croyons susceptible d’accomplir sa volonté et ses desseins.
Peu importe si notre insécurité est causée par la conscience de nos limites. Nous n’avons nul besoin de connaître toute l’étendue de ses plans pour en conclure qu’ils peuvent changer. Dieu est toujours heureux d’entendre notre prière, même quand notre compréhension est des plus limitées, comme ce fut le cas quand Abraham intercéda pour Sodome et Gomorrhe.

« Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai », dit Jésus (Jean 14.14). Je crois que ces Paroles constituent la réponse ultime à toutes nos interrogations sur le moment et la manière dont nous pouvons demander à Dieu de changer ses plans. Il ne s’agit pas d’agir inconsidérément, comme des ignorants. Mais s’il nous arrive de le faire, Dieu nous pardonnera et utilisera nos erreurs pour nous rendre plus sages la prochaine fois.
Les seules personnes qui ne commettent jamais d’erreurs sont celles qui ne demandent et ne font jamais rien pour Dieu. S’il est une chose dont il faut s’inquiéter, en voilà une ! 1

La prière nous rapproche de Dieu (p. 83)

Certains de mes souvenirs les plus chers de Corrie ten Boom sont les nombreux moments que nous avons passés ensemble en prière. Corrie était un intercesseur passionné ; l’urgence et l’enthousiasme qui se dégageaient d’elle étaient très communicatifs.
Il était impossible de prier avec elle sans être comme transformé par cette expérience.

« Seigneur, disait-elle, Seigneur, il faut que tu fasses quelque chose ! Il n’y a pas de temps à perdre ! »
Puis elle continuait en précisant au Seigneur sans détour ce qu’elle voulait qu’il fasse. Elle s’adressait à lui comme à moi, son ami de longue date. Elle pleurait, elle riait, elle argumentait avec force, mais elle restait toujours elle-même, totalement honnête.
Elle ne cachait rien à Dieu, et il semblait ne rien lui cacher.

Bien des fois, dans ces temps de prière intenses, elle citait à Dieu sa propre Parole pour lui rappeler ses promesses. Elle aurait pu faire un redoutable avocat au barreau ! Dans les moments où elle s’enflammait plus particulièrement, elle s’emparait de sa Bible, la feuilletait rapidement pour trouver le texte exact pour appuyer sa plaidoirie. Alors elle levait sa Bible en l’air, pointait sur le verset et proclamait, triomphante : « Voilà, Seigneur ! Tu peux le lire toi-même ! » Combien j’aimais cela. Et, j’en suis certain, Dieu aussi. Il est heureux quand nous le connaissons assez bien pour lui parler de cette façon. Je ne connais personne dont les prières aient eu plus d’effet sur Dieu que celles de Corrie. Elle ne se laissait pas détourner par une fausse piété, par légalisme ou par le besoin d’être quelqu’un d’autre qu’elle-même. Et après tout, comme elle se plaisait bien souvent à le rappeler à Dieu, elle ne lui demandait rien qu’il n’ait déjà promis. Elle n’hésitait donc jamais à lui dire ce qu’il devait faire et à le remercier quand il exauçait sa prière. « Je savais bien que tu le ferais ! » s’exclamait-elle avec le sourire. « Je le savais ! »

Et c’est vrai, elle savait ce que Dieu accomplirait pour elle car elle connaissait Dieu. Elle comprenait sa volonté et s’attendait à ce qu’il respectât sa Parole. Elle n’aurait pas une seule fois imaginé le contraire. Quelle foi ! Si seulement le Seigneur avait d’autres amis comme Corrie, notre pauvre monde ne serait pas dans l’état où il est aujourd’hui.

D’après vous, les prières de Corrie étaient-elles blasphématoires ? Présomptueuses ? Certains oseraient l’affirmer, sans doute, mais pas moi, car son approche était fidèle aux Écritures. Jésus a dit : « Demandez-moi quoi que ce soit… » et Corrie le crut sur parole. Ses prières étaient toujours fondées sur sa profonde compréhension de la volonté de Dieu. Et Dieu l’exauçait. Comment aurait-il pu faire autrement ?
Pour répondre à la question « Comment pouvons-nous prier pour amener Dieu à « changer d’avis » ? » je commencerais par rappeler que nous ne prions pas avec le désir de le faire « changer d’avis », ou de lui dire ce qu’il doit faire ; notre désir est de mieux le connaître comme Ami et Père. Les occasions pour l’amener à modifier ses plans ne sont qu’une des conséquences de cette relation.

 

 

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  1. Plus loin dans le livre, Frère André encourage à la prière ciblée (pas vague et générale). Il invite également à ne pas se satisfaire stoïquement du silence de Dieu à la suite de certaines prières. Il faut se sentir libre de demander « Pourquoi ? » à Dieu, comme David le fait dans le Psaume 22.2. (NDLR)
Dossier : Guerres et famines
 

André Frère
Anne Van der Bijl, mieux connu sous le nom de Frère André, est décédé à l’âge de 94 ans le 27 septembre 2022. Il est le fondateur de « Portes Ouvertes », une mission internationale qui travaille aux côtés de l’église persécutée. Sa biographie et l’histoire de la mission se sont diffusées à plus d’un million d’exemplaires sous le titre Le contrebandier.