La grande mission, Matthieu 28.18-20
« Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Matthieu 28.18-20
Examinons ensemble ce texte biblique en commençant par son contexte immédiat (v. 16-17). Jésus est ressuscité depuis quelque temps, se montrant ici et là, afin de certifier sa résurrection. Au-delà de ces preuves, des doutes persistent encore dans certains cœurs, probablement au sujet de « la mouvance nouvelle » qu’il avait initiée. Comment les disciples poursuivraient-ils sans sa présence ? Ces derniers avaient sans doute des questions voire des craintes en rapport avec les responsabilités liées à leur élection (Jean 15.16), avec leur envoi dans le monde (Jean 17.18), avec la persécution annoncée (Jean 16.1-4) et avec l’attente de la puissance promise (Luc 24.49).
En ce début de XXIème siècle, la perplexité est aussi importante : trop de chrétiens semblent avoir de la difficulté avec les versets mentionnés en titre. Les réactions suivantes en sont des exemples avérés : « Ce fût une bonne recommandation valable uniquement pour les apôtres afin de les pousser dans la bonne direction du service. Je ne sais pas comment témoigner, et concernant ‘faire des disciples’, ce n’est pas ma spécialité, honnêtement, je ne m’y connais pas ! Parce que personne ne m’a formé à être un disciple. Tout cela, c’est pour ceux qui sont à plein-temps, qui perçoivent une paie pour ce double travail. J’ai une peur bleue de témoigner, car je ne sais pas engager une conversation à froid même avec une connaissance, encore moins avec un inconnu. Ce programme apostolique n’est plus de notre époque, nous avons des évangélistes, des films, des livres et la radio pour faire ce boulot. Dieu en a élu certains, ils vont donc être sauvés sans mon effort d’évangélisation, et je n’ai de surcroît pas un grand amour pour les perdus. »
Dans ce texte, Jésus reprend ceux qui doutaient avec une affirmation prodigieuse (v. 18), avec deux ordres clairs (v. 19b-20a) et avec une belle promesse (v. 20b). Ce texte n’est pas exclusivement un appel pour les missions étrangères ou pour les missionnaires ou serviteurs à plein temps. Il s’applique de manière générale à chaque croyant.
1. Commentaire des versets
Je souhaite faire apparaître le sens profond de ce texte et aider à réfléchir d’une manière nouvelle sur ces versets que nous connaissons par cœur.
1. Le verset 18 affirme la souveraineté de Dieu :
– Mais aussi ce que Jésus a proclamé,
– a été donné à moi par le Père Souverain,
– tout droit, habilité, autorité dans le ciel,
– aussi sur la terre (c.-à-d. l’humanité).
Chaque mot a sa valeur dans l’ordre spécifique de l’original. Jésus-Christ est chef suprême sur les siens, ainsi que sur toute l’humanité, donc sur la vie individuelle de chaque converti. Ce verset indique la source de l’autorité de Jésus-Christ et donne un impact d’autant plus grand aux paroles qui vont suivre. C’est un appel solennel à l’attention de chaque sauvé qui veut vivre comme un disciple à accepter l’autorité souveraine et absolue du Ressuscité sur chaque domaine de sa vie. Ne passons pas trop vite sur ce verset et sur ses implications. Il est le fondement du service à rendre par chaque croyant à chacune des trois personnes de la trinité.
2. Les versets 19 et 20a contiennent deux ordres :
– par conséquent, allez (c.-à-d. conduisez-vous usuellement de la façon suivante),
– et faites pleinement et véritablement (c.-à-d. non d’une manière fortuite ou n’importe comment, n’importe quand) des disciples de toutes nations, des deux manières suivantes :
a. « en les baptisant en faisant référence au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (v. 19b). L’emploi du « nom » signifie que Jésus ordonne à ses disciples, en s’appuyant sur l’autorité donnée par le Père (v. 18), d’immerger directement dans l’eau (sens original de texte) tous ceux qui s’attacheront à lui par la foi, le reconnaissant comme leur seul Sauveur. Ainsi, par l’acte d’immersion, le sauvé signale publiquement son attachement à Dieu. En recevant cette immersion au nom de chaque personne de la trinité, le sauvé affirme que chaque personne joue un rôle précis dans sa conversion et dans sa vie chrétienne quotidienne1. Quels sont le sens et la signification du mot « nom » ? Le singulier souligne l’unicité, la cosubstance et l’essence indivisible de Dieu. Le baptisé professe :
– qu’il reconnaît qu’il dépend du Père comme son Créateur et son Supérieur,
– qu’il avait reçu Jésus-Christ comme son unique Rédempteur et Seigneur,
– qu’il reconnaît le Saint-Esprit comme celui qui le sanctifie et le réconforte.
La première étape du disciple de Jésus-Christ est de s’engager publiquement auprès du Dieu trinitaire. Le croyant peut-il alors demeurer dans l’anonymat ?
b. « En les enseignant tous, sans exception, à observer tout ce que je vous ai ordonné », (v. 20). Examinons les mots principaux :
« en les enseignant » : le texte original porte le sens d’instruire de manière répétée en vue de créer la disposition chez le disciple d’accepter la matière présentée. L’instruction doit donc être méthodique. Elle doit commencer dès la conversion et ce d’une manière enthousiaste, cohérente, intéressante, sérieuse et biblique. L’étude des paroles de Jésus et de surcroît du N.T. doit être consistante et constante, car nous y trouvons l’explication de Jésus et son œuvre. Dans la LXX, le terme « en les enseignant » signifie bien davantage qu’une simple transmission de connaissance, il exprime surtout comment vivre la vérité selon la volonté de Dieu, dans tous les aspects du quotidien, ceci en ne visant pas uniquement l’intellect mais aussi le cœur. Il y a là beaucoup de matière à réflexion pour ceux qui dans l’assemblée locale ont une responsabilité dans l’enseignement ! Où en êtes-vous dans votre assemblée ?
« à observer » : Le texte original met en premier lieu l’accent sur le sens d’apercevoir ou de reconnaître ce qui est vrai, ensuite sur le sens d’y prêter beaucoup d’attention en vue d’une mise en pratique docile à chaque situation. En d’autres termes, cela signifie que le vrai disciple est celui qui se fixe comme objectif de connaître et de mettre en application ce qu’il a appris consciencieusement des paroles transmises par le N.T. Ainsi, l’étude des Évangiles et de surcroît de tout le N.T., qui met en lumière Jésus-Christ, est une nécessité.
« toutes les choses… prescrites » : L’original exprime l’idée de sérieux et de formel. Les paroles annoncées, enseignées, expliquées par Jésus-Christ sont bien plus que des suggestions, elles sont des commandements. Tout est à prendre avec sérieux et à appliquer au quotidien de manière intelligente, ce en rapport avec tout l’enseignement appliqué à chaque contexte de la vie.
c. Le mot « disciple » a pour sens un individu qui se met dans une attitude d’apprenti, prêt à apprendre de son maître ce qu’il doit savoir dans tous les domaines de la vie, entre autres, de la connaissance2 , et comment devenir par la suite un pêcheur d’hommes 3 .
Les références ci-dessous donnent quelques indications en rapport aux points importants dans l’apprentissage du discipulat :
– suivre intimement Jésus comme Maître 4,
– être prêt à laisser à l’Esprit le soin de changer son existence par rapport à sa vie de pécheur invétéré (Éph 4.17-24),
– accepter une vie d’abnégation5, notez bien le principe : le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Héb 5-8),
– ne pas vivre selon les principes immoraux et de libertinage du monde (1 Jean 2.15-17),
– reconnaître que le disciple est singulièrement un représentant direct de Jésus-Christ 6,
– aimer selon l’amour de Jésus qui est la directive capitale (Jean 13.34-35). À cet égard, réfléchissons aux implications réellement pratiques sur le plan personnel et sur le plan de la communauté des saints 7 .
Notez bien que l’accent est mis sur ce que l’on est en Christ et ce que l’on est en train de devenir quotidiennement par l’Esprit.
Jusqu’ici, nous n’avons relevé que les facteurs importants du discours de Jésus à ses disciples, à un moment de son ministère de 40 jours, entre sa résurrection et son ascension (v. 19-20). Le Maître révèle ainsi la tâche qui servira de base à leurs ministères futurs, en vue de perpétuer le message et la façon d’approcher Dieu par le nouveau chemin (Jean 14.6), sans aucune restriction géographique ni raciale.
2. La garantie éternelle de victoire
Dans le texte original, le verset 20b attire notre attention avec force : « Et prêtez particulièrement attention ! Je-avec-vous-suis 8 tous les jours jusqu’à la consommation de cet âge. » Cette dernière phrase est tellement connue et répétée, presque banalement, en sorte que la force réelle et eschatologique pourrait nous échapper.
Jésus ouvre ce verset en élevant la voix avec un appel énergique afin que nous lui prêtions une attention particulière. Le sujet est tellement important, qu’il mérite toute leur considération. Ce fut une sorte de « Hé, vous les amis ! » Ainsi, et par extension, ces paroles sont destinées à tout converti contemporain qui veut vivre le vrai discipulat sous sa direction. « Je vous garantis ma présence continuelle et quotidienne jusqu’à la fin de l’histoire humaine telle que nous la connaissons. » Jésus savait que le disciple aurait un besoin énorme d’assurance pour le suivre fidèlement, en partageant l’Évangile dans un monde rebelle et hostile à la vérité. Cette promesse est absolument pertinente pour chaque sauvé : « Je suis continuellement présent à votre côté qu’importe la situation jusqu’à la fin de votre vie. » Frères et sœurs, fortifiez-vous avec cette promesse conséquente.
Le Seigneur nous encourage à être animés continuellement de « l’attitude de disciple », à savoir être éveillés à toutes les occasions de le présenter aux autres par n’importe quelle méthode, par les sondages, par l’offre d’un N.T. ou d’un traité approprié au moment opportun, par un témoignage, approprié au contexte vécu au moment même où le Seigneur agit, etc.
Selon le N.T., l’activité professionnelle, le mariage, le salaire, les vacances, la retraite ne sont pas nos priorités premières. Le but premier du sauvé est de présenter Christ aux autres. Il est simple d’accomplir ses deux phrases sous l’inspiration de l’Esprit, Esprit qui veut gérer d’une manière ordonnée chaque aspect de notre quotidien.
« Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (2 Cor 5.14-15)
Lorsque cette réalité bouillonne dans notre cœur, le Saint-Esprit ouvre des portes et des cœurs pour parler naturellement de lui.
- Act 7.48-52 ; 10.34-43 ; 20.21-22 ; Tite 3.4-6
- Ps 119.7-11, 71, 73
- Marc 1.17 ; Luc 5.10
- Mat 4.19 ; 9.9 ; Jean 15.16
- Mat 9.28a-b ; 16.24-25 ; 10.24-25, 16-20
- an 13.20 ; Act 6.7 ; 14.21-22 ; Rom 1.7-8 ; 2 Tim 4.7
- Phil 2.1-4 ; Col 3.12-15 ; 1 Thes 4.9-12 ; Héb 13.-6 ; 1 Pi 1.22-23 ; 1 Jean 2.7-11 ; 3.11-15, 23-24, 20-21
- ct de l’ordre des mots