Dossier: Création en crise
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L’avenir de la création

Que va-t-il arriver à notre terre ? Le réchauffement climatique ou la pollution vont-ils la rendre inhabitable ? Allons-nous devant une catastrophe nucléaire ? Des ressources essentielles à notre civilisation vont-elles manquer bientôt ? Ces questions taraudent nos contemporains. Elles sont à l’origine de grandes inquiétudes mais aussi d’engagements courageux.

La Bible ne nous donne pas beaucoup de détails sur la nouvelle création, mais elle trace des grandes lignes de façon suffisamment claire pour nous permettre d’avoir une idée sur l’avenir de la création.

Le crépuscule de la création actuelle

Sortie parfaite des mains du Créateur, la création actuelle a été irrémédiablement entachée par le péché de l’homme. Le sol maudit continue à souffrir tant que le mal est présent (Gen 3.17-18).

Plus encore, il semble que la Parole fasse un lien plus étroit qu’on ne le pense souvent entre la moralité d’un peuple et les conséquences écologiques sur son territoire :

  • Après avoir donné une liste d’interdictions de relations sexuelles illicites, l’Éternel conclut : « C’est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous. Le pays en a été souillé ; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants. » (Lév 18.24-25).1
  • Par la bouche d’Osée le prophète, Dieu fait un lien direct entre la situation écologique d’Israël et la violence et l’injustice de ses habitants (Osée 4.1-3).
  • Un peu plus tard, Jérémie a le même message pour Juda : « Jusqu’à quand le pays sera-t-il dans le deuil, et l’herbe de tous les champs sera-t-elle desséchée ? À cause de la méchanceté des habitants, les bêtes et les oiseaux périssent. » (Jér 12.4)

Comme la Bible annonce une recrudescence du mal avant le retour de Jésus-Christ, il est difficile de conserver un grand optimisme quant à l’évolution écologique de la terre.

Jésus annonce qu’il « y aura en divers lieux des famines et des tremblements de terre » (Mat 24.7). L’Apocalypse mentionne à de multiples reprises des catastrophes comme des tremblements de terre, des orages d’une intensité exceptionnelle, des disparitions de végétation, des pollutions de l’eau, etc. — même s’il est difficile de faire la part entre le symbolique et le littéral dans le langage de ce livre. Ce que nous observons avec inquiétude aujourd’hui ne semble donc être qu’un « commencement de douleurs ». La responsabilité de ces catastrophes semble incomber, au moins en partie, à l’action humaine puisque, au moment d’introduire le royaume, la louange s’élève à Dieu qui va détruire « ceux qui corrompent la terre » (Apoc 11.18).

En parallèle, la nouvelle création a déjà commencé dans le cœur d’êtres humains sauvés par grâce (2 Cor 5.17) que Dieu appelle ses fils et ses filles. Mais ce n’est que lorsque Christ établira son royaume éternel de gloire, quand les « fils de Dieu » verront ce renouvellement reconnu publiquement, que la création pourra être délivrée de la servitude dans laquelle elle se trouve (Rom 8.18-23).

Le passage de la première création à la nouvelle création

Dieu ne va donc pas laisser les choses en l’état mais il va introduire une nouvelle création. Plusieurs textes des deux Testaments évoquent ce changement :

  • « Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l’esprit. » (És 65.17)
  • « Comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je vais créer subsisteront devant moi, dit l’Éternel… » (És 66.22)
  • « Le ciel et la terre passeront. » (Mat 24.35)
  • « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés. » (Héb 1.10-12)
  • « Maintenant il a fait cette promesse : Une fois encore j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel. Ces mots : une fois encore, indiquent le changement des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent. » (Héb 12.26-27)
  • « Par la même parole, les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies. […] Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. […] le jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront ! Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. » (2 Pi 3.7,10,12-13)
  • « Je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. » (Apoc 20.11)
  • « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu. » (Apoc 21.1)

Re-création, changement, disparition, dissolution… — tous ces termes indiquent l’introduction d’une nouvelle création en lieu et place de l’actuelle.

Un débat agite depuis longtemps les théologiens : y aura-t-il remplacement ou renouvellement ? Devant la force des textes listés ci-dessus, la charge de la preuve semble incomber à ceux qui soutiennent un renouvellement sans disparition de la création actuelle. Plusieurs arguments sont avancés :

  • Des arguments textuels : l’adjectif utilisé pour « nouveau » dénote plutôt la qualité que la jeunesse2. Le mot « éléments » semble désigner aussi bien des éléments concrets que des puissances spirituelles ou des idées3.
  • Des arguments analogiques : le passage à la nouvelle création est mis en parallèle avec le déluge. Or la terre issue du déluge est la même que celle du commencement mais elle a connu un renouvellement complet.
  • Des arguments théologiques : Dieu a déclaré que la création initiale était bonne, très bonne, et il semble difficile qu’il veuille la mettre complètement de côté.
  • Des arguments christologiques : le corps de résurrection de Jésus-Christ était adapté à une vie sur la terre actuelle même s’il avait les caractéristiques nouvelles.
  • Des arguments bibliques : certains textes semblent indiquer que la terre demeure éternellement (Ps 104.5 ; 119.90 ; Ecc 1.4).

La thèse de l’anéantissement a la faveur des luthériens ; les réformés retiennent plutôt celle de la transformation. Les dispensationalistes sont plus partagés. Pour certains, penser que la création actuelle va disparaître et être brûlée complètement fait courir le risque d’une attitude plus négative envers elle et conduirait à en prendre moins soin. Toutefois le mandat de Genèse 1 et 2 s’applique à tous, quelles que soient les options eschatologiques !

Quelques aperçus de la nouvelle création

Très peu de détails nous sont donnés sur la nouvelle création et il est donc hasardeux de spéculer sur ce qui ne nous est pas révélé. Le langage d’Apocalypse 21 et 22, que nous prenons pour essentiellement symbolique, ne doit pas nous égarer. Par exemple, lorsqu’il nous est dit que la mer n’est plus, cela n’est pas une indication sur l’hydrographie de la nouvelle création ; la mer symbolise ici avant tout l’agitation des peuples opposés à Dieu (cf. És 57.20).

Retenons simplement trois caractéristiques :

  • La matérialité : contrairement à ce qui est dit parfois, sans doute sous l’influence de quelques restes de pensée platonicienne, la nouvelle création sera matérielle. Nos corps ressuscités seront « spirituels », parfaitement adaptés à une vie remplie par l’Esprit, mais ils seront tout aussi tangibles que le corps de Jésus ressuscité.
  • La diversité : la variété des pierres précieuses de la muraille et l’analogie que Paul fait entre les corps ressuscités et les différentes étoiles suggèrent qu’il y aura au moins la même diversité dans la nouvelle création que dans l’actuelle ( 1 Cor 15.37-41).
  • La beauté : la description de la sainte cité fait appel aux plus beaux matériaux connus à l’époque. Si la première création, pourtant entachée du péché, nous émerveille, à combien plus forte raison pouvons-nous nous attendre à être subjugués par la nouvelle !

Sous un angle plus théologique, la nouvelle création marquera l’harmonie retrouvée entre Dieu et ses œuvres. Le Nouveau Testament l’exprime sous trois aspects :

  • La réconciliation : « Il a voulu par lui tout réconcilier avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. » (Col 1.20)
  • La récapitulation : « … le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. » (Éph 1.9-10)
  • L’habitation : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. » (Apoc 21.3)

Dans cette nouvelle création, tout sera pleinement inondé de la lumière de la présence du Dieu créateur qui fera « toutes choses nouvelles ». Quel bonheur d’être déjà « les prémices de ses créatures » (Jac 1.18) !

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  1. Il est frappant ­— et paradoxal — que les partis écologistes soient les plus en pointe pour promouvoir des pratiques sexuelles explicitement condamnées dans ce chapitre et parmi les plus libéraux sur les sujets sociétaux.
  2. Kainos et non neos.
  3. Cf. Gal 4.9 ou Col 2.8.
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Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.