Dossier: Pauvreté et richesse
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Quand la cupidité devient un dieu

 

Il n’est pas facile de prêcher sur la cupidité. Nous sommes tous prompts à juger la cupidité des autres mais peu d’entre nous admettent : « J’ai un problème de cupidité. »
Nous avons tendance à ignorer notre cupidité en nous comparant à ceux qui sont plus riches que nous et en pensant que la cupidité est leur problème. « Je m’en inquiéterai quand je serais multimillionnaire. » Pourtant, Paul a écrit à des chrétiens de classe moyenne dans une église d’une petite ville moyenne : « Faites mourir ce qui, dans vos membres, est terrestre : […] la cupidité, qui est une idolâtrie. » (Col 3.5) Si la cupidité était un problème pour eux dans leur culture, alors elle l’est certainement pour nous qui vivons dans une nation prospère.
Mais ce n’est pas un sujet facile. Sommes-nous cupides parce que nous vivons dans une maison spacieuse avec le confort moderne, alors que des millions de personnes dans le monde vivent dans des cabanes sans sanitaires ? Parce que nous avons une belle voiture ? Où tracer la ligne? Comment empêcher l’avidité de devenir notre dieu ?

Qu’est-ce que la cupidité ?

La cupidité est le désir insatiable d’avoir plus d’argent ou de biens pour son autosatisfaction, tout en ignorant Dieu et l’éternité.

Le dictionnaire définit la cupidité comme le « désir démesuré de richesse ou de posséder ce qu’a autrui ». Le problème est que ces termes sont subjectifs : la plupart d’entre nous diront : « Je n’ai pas de désirs démesurés ! J’aimerais juste un peu plus… »
Le terme grec signifie littéralement « avoir plus ». En Marc 7.21-22, Jésus mentionne une longue liste de péchés, y compris « les cupidités », qui, selon lui, viennent de nos cœurs. La cupidité ne tient donc pas principalement au montant, mais plutôt à l’attitude et aux motifs. Les pauvres peuvent être aussi cupides que les riches.
L’homme de la parabole que raconte Jésus n’était pas content, même s’il avait beaucoup (Luc 12.13-21). Il voulait plus. Il ne pensait pas au royaume de Dieu, ni aux besoins des autres. C’est cela, la cupidité.
La cupidité donne une fausse valeur aux choses temporelles qu’elle traite comme si elles – et nous – vivions éternellement sur terre. Mais nous pourrions mourir aujourd’hui ou toutes nos possessions pourraient nous être enlevées instantanément. La sécurité financière n’existe pas dans ce monde. Demandons-nous donc : « À la lumière de l’éternité et de la brièveté et de l’incertitude de cette vie, est-ce que je gère ce que Dieu m’a confié afin d’être riche pour Dieu ? »

Comment les chrétiens devraient-ils considérer la cupidité et la richesse ?

La cupidité est un grand péché à éviter ; la richesse est une grande responsabilité de faire le bien.

Paul dit que la cupidité équivaut à l’idolâtrie et amène la colère de Dieu (Col 3.6). Ailleurs (1 Cor 6.9-10 ; Éph 5.5), il avertit que les cupides n’hériteront pas du royaume de Dieu. Il veut dire que ceux dont la vie est caractérisée par la cupidité ne sont pas de vrais croyants et ils iront en enfer.  Il avertit : « Mais ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et un piège et de nombreux désirs stupides et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et la destruction. Car l’amour de l’argent est une racine de toutes sortes de maux, et certains en le désirant se sont éloignés de la foi et se sont percés de nombreuses douleurs. » (1 Tim 6.9-10)
Dans presque toutes les listes de péchés où la cupidité est mentionnée, elle est associée à l’immoralité sexuelle. Si les chrétiens considéraient la cupidité comme égale à l’idolâtrie et aussi grave que l’immoralité sexuelle, comment tolèreraient-ils même une seconde les flamboyants télévangélistes qui affichent une richesse extravagante et disent effrontément à tout le monde que la prospérité financière est leur droit divin ? Pierre dénonce de tels faux enseignants en les comparant à Balaam et en disant que leur cœur est « exercé à la cupidité » (2 Pi 2.14-15). La cupidité est un grave péché qu’il nous faut éviter !
Cela signifie-t-il alors que nous devions faire vœu de pauvreté et nous débarrasser de tous nos biens ? Comment devrions-nous considérer la richesse ?
La Bible considère la richesse comme une responsabilité sérieuse de faire le bien. Toute richesse vient de Dieu comme un don qui nous est confié pour l’utiliser correctement pour lui. Nous sommes libres de jouir sans culpabilité des richesses que Dieu nous confie, mais nous en sommes également les gardiens. Le conseil de Paul s’applique à nous (1 Tim 6.17-18) : « Instruisez ceux qui sont riches dans ce monde actuel [nous sommes riches par rapport à la plupart des hommes] à ne pas être vaniteux ou à fixer leur espoir sur l’incertitude des richesses, mais sur Dieu, qui nous fournit abondamment tout ce dont nous pouvons jouir. Demandez-leur de faire le bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’être généreux et prêts à partager. »
Alors que le travail diligent est le moyen normal que Dieu utilise pour conférer des richesses, ne pensons jamais que nous sommes la cause de notre propre succès ou que Dieu nous le doit. Moïse a averti Israël avant de pénétrer dans Canaan (Deut 8.18) : « Tu te souviendras du Seigneur ton Dieu, car c’est Lui qui te donne le pouvoir de faire des richesses, afin qu’il puisse confirmer son alliance qu’il a jurée à tes pères. ». Cette alliance était la promesse de Dieu de bénir Israël afin qu’il puisse bénir les autres (Gen 12.1-3).La Bible considère la richesse comme bonne, mais dangereuse. Si nous sommes de bons intendants des richesses que Dieu nous donne, en les utilisant pour promouvoir ses desseins, c’est bien. Mais si nous sommes trompés par nos richesses (Mat 13.22), de sorte que notre confiance passe du Seigneur à nos richesses, ou si nous les gaspillons dans une vie égoïste sans égard pour les desseins de Dieu, nous risquons la ruine spirituelle.

Comment savoir si je suis cupide ?

Il existe de nombreux signes de cupidité

Avant de les examiner, permettez-moi de vous avertir que nous devons faire attention à nous juger nous-mêmes et pas les autres (Mat 7.1-5). Si vous pensez qu’un autre chrétien est aveuglé par la cupidité, votre responsabilité est de chercher doucement à le redresser (Gal 6.1). Mais nous devons tous nous tenir un jour devant Dieu ; aussi affrontons ces questions personnellement et honnêtement à cœur ouvert devant lui.
Ces questions sont difficiles et la bataille constante ! Devons-nous changer notre vieille voiture contre une plus récente ? Et si oui, combien devons-nous dépenser ? Allons-nous passer des vacances à l’hôtel ou camper ? Dois-je épargner pour ma retraite ou donner maintenant pour l’œuvre du Seigneur ? Le problème est que, bien que des principes bibliques puissent nous guider, il n’y a pas de règles strictes et toutes faites pour chaque situation. Voici quelques questions pour aider à prendre le pouls spirituel en matière de cupidité :
1. Est-ce que je considère mon argent et mes biens comme les miens ou ceux de Dieu ? C’est la question fondamentale. Bien que la Bible reconnaisse les droits de la propriété privée, fondamentalement Dieu possède tout ce que j’ai. Je le gère pour lui, et au jugement, je lui en rendrai compte (Mat 25.14-30 ; Rom 14.10,12).
2. Si je savais que je mourrais dans un an, est-ce que je gérerais différemment les ressources que Dieu me donne ? A la fin du film La Liste de Schindler, ce riche industriel qu’est M. Schindler, qui a dépensé toute sa fortune personnelle pour soudoyer des fonctionnaires allemands afin de sauver des Juifs des chambres de la mort, montre sa belle voiture et dit : « J’aurais pu la vendre et sauver quelques vies de plus. » Schindler ne sauvait pas des âmes pour l’éternité. Mais quand nous pensons à la mission donnée par notre Sauveur, de prêcher l’Évangile à chaque créature, nous devons tous nous demander : « À la lumière de la brièveté de la vie et de l’éternité à venir, pourrais-je faire plus ? »
3. Pourquoi est-ce que je veux plus d’argent ? Autrement dit : quels sont mes motifs ? Pour mieux pourvoir aux besoins de ma famille? Cela peut être légitime. Mais si c’est juste pour acheter des choses dont je n’ai vraiment pas besoin, je vais peut-être dériver vers la cupidité.
4. Suis-je plus soucieux de gagner de l’argent que je ne le suis de ma destinée éternelle ? Jésus soulève cette question à travers la parabole de l’homme aux greniers. Il accumulait des trésors pour lui-même sur terre, mais il n’était pas « riche pour Dieu ». Il n’y a rien de mal à travailler dur pour réussir sa carrière. Mais si tous mes moments conscients sont occupés par ma réussite financière et si je pense rarement à la façon dont je peux rechercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, je suis probablement gagné par la cupidité.
5. Quelle est la source de ma sécurité : l’argent ou Dieu ? Nous connaissons tous la « bonne » réponse à cette question. Mais si tout – tous mes biens, tous mes comptes bancaires – m’avait été enlevé, comme cela est arrivé à beaucoup de nos frères et sœurs au Moyen-Orient aurais-je fait confiance à Dieu ?
6. Dois-je pleurer une perte d’argent ou de biens ? Ou, si je projette d’acheter quelque chose, à quel point serait-il difficile pour moi d’y renoncer plus tard ? Mon niveau de chagrin est directement proportionnel à mon attachement émotionnel. C’est normal de regretter d’avoir perdu quelque chose de valeur. Mais si nous faisons confiance au Seigneur et reconnaissons que tout ce que nous avons lui appartient, nous ne devrions pas en être dévastés. Si nous le sommes, il est bien possible que nous soyons cupides.
7. Est-ce que je m’accroche à mes affaires ou suis-je généreux et prêt à partager ?
8. Dois-je compromettre mes valeurs chrétiennes ou mes priorités pour gagner de l’argent ? Certaines choses devraient compter beaucoup plus que gagner de l’argent : la façon dont j’honore Dieu par mon témoignage, ma relation avec Jésus-Christ, une conscience pure, ma relation avec ma femme, mes enfants et d’autres personnes. Si je triche, mens ou vole parfois pour gagner plus ou éviter de perdre, je suis cupide. Si je romps des relations ou en cultive d’autres pour un gain financier, je suis cupide.
9. Suis-je enclin à devenir riche rapidement ? Si je me sens attiré par un moyen facile et rapide de faire fortune, j’ai probablement un problème de cupidité. Si je rêve de gagner au loto ou au casino, je devrais me poser la question : pourquoi ? Est-ce vraiment pour en consacrer la majeure partie à l’œuvre du Seigneur dans le monde ? Si la vraie réponse est : « Pour devenir riche », je suis sans doute cupide.
10. Suis-je esclave du crédit ? Certains sont endettés à cause du chômage ou de difficultés inévitables ; c’est un autre sujet. Mais beaucoup de personnes surendettées ont un problème de dépenses excessives, influencées par la publicité qui dit que vous avez besoin de davantage pour être heureux. C’est un signe de cupidité !
Vous pourriez probablement ajouter d’autres questions. Si vous avez découvert quelques racines de cupidité, alors considérez la dernière question.

Comment puis-je régler mon problème de cupidité ?

Je dois me séparer radicalement de toute avidité, en commençant au niveau de la pensée.

« Faire mourir » ma cupidité signifie prendre des mesures radicales pour la couper de ma vie, en commençant par mes pensées. Lorsque Paul dit de « faire mourir », il veut dire : « Séparez-vous radicalement de ces péchés, en commençant au niveau de la pensée », à la lumière de votre nouvelle identité en Christ (cf. Col 3.1-4) et avec la puissance du Saint-Esprit (Rom 8.13). Mais, nous sommes responsables de le faire ! Considérez les « richesses insondables du Christ » (Éph 3.8) comme plus précieuses que toutes les richesses que ce monde offre. Il est le trésor ; il est la perle de grand prix (Mat 13.44-46). En ayant Christ et en trouvant la joie et le contentement en lui, je reconnais que Dieu est le propriétaire de tout ce que j’ai et je me vois comme un gestionnaire qui doit lui rendre compte. J’adopte les priorités du Propriétaire : les objectifs de son royaume. Je me demande si j’ai besoin de cette nouvelle chose. Je résiste à la pression des soldes. Je prie pour les achats importants avant de les faire. Je me débarrasse de toutes les choses inutiles. Je cherche à vivre plus simplement. Je fais un budget et je le suis. J’apprends à marcher dans l’Esprit afin que son fruit, la maîtrise de soi, gouverne mes impulsions.

Pour me débarrasser de la cupidité, je m’engage aussi par la foi à donner généreusement à l’œuvre du Seigneur.

Donner est le « bouchon de vidange » de la cupidité. Je fais confiance à Dieu en donnant dès la paie reçue et pas seulement s’il reste quelque chose à la fin du mois. Je donne de manière planifiée dans la prière, plutôt que sous pression. Je donne quand ça fait un peu mal, quand je sacrifie joyeusement quelque chose que je pourrais acheter, pour pouvoir contribuer à l’œuvre du Seigneur. Pour beaucoup d’entre nous, donner généreusement signifie donner bien plus de 10 %.
Si je me dis : « Si je gagne un peu plus, je donnerais plus », je me berne probablement. Pourquoi ne pas faire confiance à Dieu et augmenter le pourcentage que je donne maintenant ? Lorsque vous obtenez une augmentation, demandez à Dieu ce qu’il veut que vous en fassiez, plutôt que de le dépenser automatiquement.

Conclusion

Le meilleur sermon que j’ai jamais lu sur la cupidité vient d’un non-chrétien ! Dans The Pearl, John Steinbeck raconte l’histoire d’un plongeur de perles heureux, mais pauvre, qui rêve de trouver la perle parfaite. Un jour, il la trouve, mais plutôt que de lui apporter le bonheur espéré, elle lui cause un problème après l’autre, car tout le monde est à la recherche de sa perle. Il risque de perdre sa vie ; son fils est tué ; sa femme et lui se disputent. Sa vie, autrefois tranquille, est totalement bouleversée parce qu’il s’accroche à cette perle. Finalement, il se tient sur le rivage et lance la perle maudite aussi loin que possible dans la mer. C’est ce que nous devons faire de notre cupidité ! Nous en séparer radicalement ! La mettre à mort !

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Dossier : Pauvreté et richesse
 

Cole Steven. J.
Photo de l’auteur Steve a été pasteur de plusieurs églises aux États-Unis. Il est diplômé du Dallas Theological Seminary.