Dossier: Élection et prédestination
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La prédestination

L’article ci-dessous est un condensé d’un chapitre de son livre « Programmé par Dieu ou libre de choisir ? », Les Éditions l’Oasis.

La Bible ne présente pas la prédestination comme un « mystère ». Dans les passages où figurent les mots « destinés » ou « prédestinés », il n’est pas question d’individus sauvés pour le ciel ou condamnés à l’enfer.
Dans Romains 8.29-30 nous lisons : « Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son fils, afin que son fils soit le premier-né de beaucoup de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »
Ce texte s’applique de façon collective à la multitude de ceux qui croiront en son nom. Dieu a prévu que les croyants deviendront frères et sœurs de Jésus par adoption et lui ressembleront de plus en plus. Pour montrer que Calvin n’a pas toujours suivi la pensée d’Augustin concernant la vraie signification de la prédestination, voici ce que Calvin écrit dans son commentaire sur Romains 8.29 :
« L’autre mot grec [proorizo] mis ici, qu’on traduit communément prédestiner, se rapporte à la circonstance du présent passage. Car St-Paul entend seulement que Dieu a ainsi déterminé et ordonné que tous ceux qu’il a adoptés, autant qu’ils sont, porteraient l’image du Christ. Au reste, il n’a pas dit simplement à être conformes à Christ, mais à l’image de Christ, afin de montrer qu’en Christ est le patron dépeint au vif, qui est proposé pour imitation à tous les enfants de Dieu. Voici maintenant le sommaire de ceci : que l’adoption gratuite, en laquelle consiste notre salut, ne peut être séparée de cet autre décret et arrêt qui nous a assujettis à porter la croix, parce que nul ne peut être héritier des cieux, sans qu’auparavant il ait été fait conforme au fils unique de Dieu. »
Remarquons qu’ici, à propos de la prédestination, Calvin met l’accent où il le faut, c’est-à-dire sur la nature et la qualité de la vie chrétienne, et non sur le premier pas dans cette vie. Que dire de cette déclaration : « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui ; il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » ? (Éph 1.4-5)
L’apôtre dit qu’avant la fondation du monde, Dieu avait décidé que le salut s’opérerait en Jésus et par lui et qu’il se caractériserait par une vie d’amour et de sainteté pratiques. L’accent porte avant tout sur la qualité de la relation et sur la nécessité de mener une vie sainte en tant qu’enfants d’adoption dans sa famille, et non en tant qu’esclaves. La même pensée se trouve dans Éphésiens 1.11-12 : « En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ. »
Puisque Dieu veut que personne ne périsse, il est bien entendu que l’expression « toutes choses » inclut sa résolution souveraine de préserver une authentique liberté de choix de l’être humain et de responsabilité à l’égard de tout péché connu. Ces passages révèlent qu’avant le commencement du temps, Dieu a prévu les moyens de nous faire entrer dans cet héritage merveilleux. Ils nous seront accordés par Jésus-Christ, et tous ceux qui décident de croire en lui deviennent par sa grâce frères et sœurs de Jésus ; des enfants d’adoption, et non des esclaves. Dès à présent, nous devons vivre à la louange de sa gloire au lieu de vivre pour nous-mêmes, et lui ressembler chaque jour davantage.
La prédestination ne précise pas qui est destiné à devenir chrétien, mais ce que le chrétien est destiné à devenir.
Du temps de Paul, un homme réduit à l’esclavage pouvait retrouver la liberté par une décision de clémence du pouvoir en place. Il n’était alors plus la propriété de qui que ce soit, et il aurait de nouveau ultérieurement pu redevenir esclave. Une personne pouvait également redevenir libre grâce à la rançon payée par une autre. Elle était délivrée de l’esclavage, sans être pour autant adoptée dans la famille de son bienfaiteur. Dans le meilleur des cas, le bienfaiteur achetait la liberté de l’esclave et l’accueillait non comme esclave, mais comme un membre à part entière de la famille. L’individu en question était alors à la fois libéré, sauvé et adopté.
Dieu ne nous a pas prédestinés en tant qu’individus à la rédemption ou à la condamnation, mais dans sa grâce et son amour immense, il a décidé que si nous acceptions son offre miséricordieuse, il ne nous sauverait pas seulement de nos péchés, mais qu’il nous adopterait de plus dans sa famille. Quelle plénitude de vie de résurrection nous avons en Christ ! En Romains 8.15, Paul rappelle que nous avons reçu un Esprit qui fait de nous non des esclaves, mais des fils et des filles d’adoption du Roi des rois.
La prédestination indique le but, le destin que Dieu a fixé, avant le commencement du temps, pour ceux qui croient en lui.
Remarquons que cette adoption est envisagée sous l’angle du futur en Romains 8.23 : « Et ce n’est pas elle seulement ; mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. » Nous jouissons dès à présent et ici-bas des bienfaits de la délivrance garantie du pouvoir du péché, mais l’entrée en pleine jouissance de l’héritage de l’adoption doit encore attendre la résurrection de notre corps glorifié et le bannissement définitif du péché. C’est un indice supplémentaire que le salut et l’adoption ne sont pas la même chose.
1 Jean 3.1 indique l’essence de la prédestination : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! » Nous sommes héritiers du royaume parce que nous sommes ses enfants, et pas simplement ses esclaves. « Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui » (Rom 8.17). Dieu souhaite que nous devenions des membres à part entière de sa famille, et héritiers de toutes ses richesses par Jésus-Christ : « Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu » (Gal 4.7).
Par conséquent notre objectif fixé d’avance ne concerne pas l’œuvre par laquelle Dieu nous sauve, mais celle par laquelle nous devenons frères et sœurs de Jésus, transformés à sa ressemblance et vivant pour sa gloire. Si la prédestination ne se réfère pas aux individus particuliers que Dieu a décidé de sauver, l’un de ses buts est d’encourager les chrétiens par l’assurance que le but fixé est la ressemblance à Jésus-Christ. Celui qui est l’auteur de notre foi est également celui qui la mène à la perfection (Héb 12.2). Dieu nous donne ainsi l’assurance qu’un jour nous lui ressemblerons lorsque nous le verrons face à face, quand bien même aujourd’hui nous nous sentons bien imparfaits spirituellement. « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est » (1 Jean 3.2).
Dieu a fixé dès avant la fondation du monde la nature, le but, la qualité et la destinée véritables de la vie chrétienne authentique.
Le secret est éventé ! Il ne peut y avoir aucun doute ! Nous sommes tous invités à faire partie de la maisonnée de Dieu, non comme des serviteurs, mais comme des frères et des sœurs de Jésus. D’autres facettes de la rédemption sont peut-être encore cachées à nos yeux, mais le fondement solide central sur lequel nous pouvons tous nous édifier mutuellement est le fait immanquable suivant : nous pouvons tous être marqués par une sainteté attrayante grâce à l’œuvre rédemptrice de Christ en notre faveur.

 

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Dossier : Élection et prédestination
 

Ward Dudley
Formé en Angleterre, en Suisse et au Canada, Dudley Ward est venu en France comme missionnaire en 1966 avec son épouse Jill. Ils ont fondé l’œuvre d’Entrepierres en Provence et ils ont rénové le village pour offrir détente et repos aux serviteurs de Dieu.