Dossier: Élection et prédestination
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L’élection dans l’Ancien Testament

Nous publions ici un extrait du livre paru en 2020 « Election and predestination : looking for answers not arguments » aux Éditions Everyday Publications Inc. 

Le mot « bachiyr » pour « choisi » ou « élu » apparaît 13 fois dans l’Ancien Testament, avec des traductions différentes selon la version choisie. Chacune des occurrences a donc été examinée avec le double objectif de cerner qui était « élu » et dans quel but. La mise en perspective scrupuleuse des contextes et des références bibliques permet par ailleurs à la Parole de parler d’elle-même.
Chronologiquement, les premières mentions de ce mot se trouvent dans le livre des Psaumes et font référence à David, à la nation d’Israël, et à Moïse. Le plus surprenant est peut-être qu’aucune ne fait référence à l’élection individuelle pour le salut du pécheur ! […] Au contraire, l’image qui émerge ainsi de l’élection dans l’A.T. est celle du choix par Dieu d’une personne, ou d’un groupe, dans un objectif particulier et/ou afin de confier un honneur particulier.

1. Le choix de Moïse

Il n’y a qu’un seul endroit dans la Bible où Moïse est explicitement désigné comme « élu » de Dieu : Psaume 106.23. Il a eu l’honneur d’être le porte-parole de Dieu (Ex 3.14-17 ; 4.12). Dieu l’a assuré de sa présence et de sa puissance (Ex 3.12). Dieu l’a appelé et lui a dit : « Je t’enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les enfants d’Israël » (Ex 3.10). Le but pour lequel Dieu a choisi Moïse était de conduire les Israélites hors de l’esclavage en Égypte jusqu’à l’entrée en terre promise1 . Il a été envoyé pour témoigner que Dieu avait entendu leurs cris, et pour attester, par des signes et des prodiges, que le Dieu d’Israël est le Dieu vivant, vrai, et tout-puissant.

2. Le choix de David

« J’ai fait une alliance avec mon élu. Voici ce que j’ai juré à David, mon serviteur : J’affermirai ta postérité pour toujours, et j’établirai ton trône à perpétuité » (Ps 89.3-4).
En 1 Samuel 16.1, l’Éternel dit à Samuel : « Quand cesseras-tu de pleurer sur Saül ? Je l’ai rejeté afin qu’il ne règne plus sur Israël. Remplis ta corne d’huile, et va ; je t’enverrai chez Isaï, Bethléemite. Car j’ai vu parmi ses fils celui que je désire pour roi ». Le mot « vu » traduit ici l’hébreu « ra’ah » qui peut signifier « voir, regarder, inspecter, percevoir, considérer ou sélectionner ».
Alors qu’un par un les fils de Jesse se présentent devant Samuel, Dieu déclare à Samuel : « L’Éternel n’a pas choisi celui-ci » et lui révèle que son critère de choix n’est ni l’apparence physique ni la taille, mais l’état du cœur. Et ce jusqu’à la présentation de David, pour lequel le Seigneur dit : « Lève-toi, oins-le, car c’est lui ! » (v.12) Le Psaume 78.70 éclaire et confirme ce choix : « Il choisit David, son serviteur, et il le tira des bergeries.
»Dieu a choisi David pour être roi sur Israël. C’est lui qui est mentionné dans 1 Samuel 13.14 pour remplacer Saül : « L’Éternel s’est choisi un homme selon son cœur, et l’Éternel l’a destiné à être le chef de son peuple ». « J’ai choisi David pour qu’il règne sur mon peuple d’Israël » (1 Rois 8.16). La responsabilité insigne de David est d’occuper la position de roi du peuple de Dieu, pour laquelle il est investi de la présence et de la puissance de Dieu. Samuel a oint David, et « L’Esprit de l’Éternel saisit David, à partir de ce jour et dans la suite » (1 Sam 16.13 ; cf. 2 Samuel 7.9).
Comme la référence au Messie dans Ésaïe 42.1, David est appelé « Mon oint » et « Mon serviteur » (Ps 89.3-4). Dieu a fait une alliance avec David, pour établir sa descendance (lignée) et son trône (dynastie) pour toujours. « Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi » (2 Sam 7.16 ; cf. 1 Chr 17.11-14 ; 2 Chr 6.16).
Le Messie viendrait de la lignée de David, plus précisément de la tribu de Juda, et établirait un royaume qui durerait éternellement. Les objectifs de l’alliance davidique, les responsabilités et les honneurs associés, sont réitérés à maintes reprises dans les Écritures2 .Pourquoi Dieu a-t-il choisi David ? David était « un homme selon son cœur » (1 Sam 13.14), et il « a observé [ses] commandements et [ses] lois » (1 Rois 11.34).

3. Le choix du Messie

À l’examen de l’enseignement biblique concernant l’élection du Messie, il apparaît que son privilège insigne est d’être le délice de son Père. Il occupe la fonction de Serviteur de Jéhovah et est doté de la puissance de l’Esprit de Dieu, et c’est par lui que s’accomplissent tous les desseins de Dieu concernant la rédemption. Sa responsabilité est de « relever les tribus de Jacob » et « ramener les restes d’Israël (És 49.6), « pour annoncer la justice aux nations » (És 42.1). Son témoignage est d’être « la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » (És 49.6).

4. Le choix d’Israël

Mes études m’ont permis d’en découvrir beaucoup plus sur l’élection d’Israël mais, même au début, ce qui suit me semblait évident :
La nation d’Israël a été choisie collectivement par Dieu avec des privilèges et des responsabilités :
i) Occuper la position à part, hautement privilégiée, d’être la propriété de Dieu, son peuple spécial, sa nation préférée « L’Éternel, ton Dieu, t’a choisi pour que tu sois un peuple qui lui appartienne entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. » (Deut 7.6) « Vous m’appartiendrez entre tous les peuples » (Ex 19.5).
ii) Être au bénéfice de la puissance divine, qui les protégerait et pourvoirait à tous leurs besoins. Le Seigneur était pour eux Jehovah-Jireh, la force d’Israël, un bouclier et une haute retraite 3.

Israël a également été choisi par Dieu pour des buts spécifiques
:i) Tenir un rôle d’ambassadeur représentant Dieu : « Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. » (Ex 19.6)
ii) Être un témoignage pour le monde, lui transmettant la vérité de Dieu et sa personne : « C’est moi, moi qui suis l’Éternel, et à part moi, il n’y point de sauveur. C’est moi qui ai annoncé, sauvé, prédit. Ce n’est point parmi vous un dieu étranger ; vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, c’est moi qui suis Dieu. » (És 43.11-12)

Israël a été choisi pour constituer un trophée saint de la grâce de Dieu, rendant les autres nations jalouses de la bonté et des bénédictions de Dieu. Le but du sacerdoce d’Israël était d’être un médiateur entre Dieu et le monde, invitant le reste du monde à faire confiance et à suivre ce Dieu vrai et vivant (Ex 19.5-6 ; És 45.17-25).
Cela ouvre la voie à une découverte profondément merveilleuse : l’élection souveraine d’Israël par Dieu est à la fois exclusive et non-exclusive.
Elle est exclusive au sens où Dieu a choisi d’étendre son amour expressément sur Israël, et de conclure un pacte avec eux, les établissant comme son peuple, à part parmi toutes les nations. Aucune autre nation ne pourrait revendiquer ce privilège pour elle-même.
Et l’élection d’Israël n’est pas exclusive car elle n’implique pas que seul Israël pouvait croire en Dieu ou avoir une relation avec Dieu.
En fait, l’élection d’Israël avait incontestablement un double objectif : une mission de représentation devant le monde, et une mission de témoignage à la bonté de Dieu en la faisant rayonner, de sorte que des personnes d’autres nations puissent être amenées à croire en Dieu et le servir – et c’est ce qui s’est produit.
Il existe dans les Écritures des exemples clairs de personnes qui ne faisaient pas partie par leur naissance de la nation élue et qui ont néanmoins choisi de croire en Jéhovah et de rejoindre Israël, intégrant ainsi le peuple élu. Ils sont devenus élus avec les élus et sont devenus récipiendaires de toutes les promesses, bénédictions, pactes et héritage donnés à Israël en tant que peuple élu. On peut notamment évoquer l’inclusion providentielle de Rahab et Ruth dans la lignée ancestrale de Jésus-Christ.
Cette prise de conscience débouche sur deux autres constats :

A. De nombreux individus au sein de la nation élue d’Israël se sont rebellés contre le Seigneur, l’ont rejeté et se sont éloignés de lui. Bien qu’ils aient été tous choisis par Dieu, tous n’ont pas choisi de le suivre comme Seigneur. Peu d’entre eux lui ont vraiment fait confiance et ont cru en lui. Nombre de ces élus n’ont pas rempli le but assigné par Dieu avec leur élection. De nombreux Israélites, bien qu’élus, ont été complètement désobéissants et seront éternellement perdus. Pourtant, ils font toujours partie des élus collectivement, en tant que nation physique d’Israël. Cela indique donc que l’élection d’Israël de l’Ancien Testament n’était pas une élection quant au salut, mais plutôt une élection basée uniquement sur leur descendance physique d’Abraham, d’Isaac et Jacob. Tout Israël a été élu, mais tout Israël n’a pas choisi le Seigneur.

B. Un parallèle comparable peut être établi entre Saül et David. Tous deux sont appelés « l’élu de Dieu ». Chacun d’entre eux avait été expressément élu par Dieu pour la même mission insigne : être roi d’Israël. Tous deux en ont reçu la puissance, le Saint-Esprit étant venu sur eux les armer pour remplir leur mission et leur élection.
Pourtant, les différences dans leurs choix personnels sont flagrantes. La fin de la vie de Saül a été marquée par la désobéissance et la rébellion. Le Seigneur a pu dire de David, qu’il avait trouvé un homme selon son cœur, un homme qui accomplirait toute sa volonté (Act 13.22 ; voir aussi 1 Sam 13.14). David a été choisi pour continuer la lignée du Messie, et son trône a été désigné comme le trône du Messie, le trône éternel. Pourquoi le privilège d’un si grand dessein a-t-il été accordé à David et non à Saül ? Simplement parce que David a choisi le chemin de la foi et de l’obéissance, au contraire de Saül. Alors que Saül et David avaient tous deux été choisis par Dieu, seul David a choisi Dieu. David a embrassé les bénédictions et les responsabilités auxquelles le Seigneur l’avait appelé. Saül aurait pu faire un choix similaire et aurait pu bénéficier de la plénitude de la bénédiction du Seigneur, car nous lisons que le Seigneur « aurait affermi pour toujours [son] règne sur Israël » (1 Sam 13.13). Bien au contraire, Saül « a rejeté la parole de l’Éternel » et a donc été rejeté par le Seigneur (1 Sam 15.23).
Dans tout cela, nous voyons clairement que les élections de David, de Moïse, du Messie et d’Israël ont comporté chacune un but précis et un privilège, en incluant la responsabilité d’une mission et d’un témoignage et la bénédiction associée à la position et à la puissance.

Tableau de synthèse de l’utilisation du mot hébreu « bachiyr »

RéférenceMot françaisQui est élu ?Élection individuelle ou collectiveÉlu/s pour quoi ?
Ps 89.4Mon éluDavidIndividuellePour être roi et appartenir à la lignée messianique
Ps 105.6Ses élusLa nation d’IsraëlCollectivePour être serviteur de Dieu
Ps 105.43Ses élusLa nation d’IsraëlCollectivePour recevoir des possessions, des bénédictions et un héritage
Ps 106.5Tes élusLa nation d’IsraëlCollectivePour recevoir des possessions, des bénédictions et un héritage
Ps 106.23Son éluMoïseIndividuellePour être le conducteur du peuple, un médiateur entre Dieu et son peuple
2 Sam 21.6L’élu de l’ÉternelSaülIndividuellePour être roi
És 42.1Mon éluLe MessieIndividuellePour apporter le salut aux nations
És 43.20Mon éluLa nation d’IsraëlCollectivePour publier mes louanges
És 45.4Mon éluLa nation d’IsraëlCollectivePour être serviteur de Dieu
És 65.9Mes élusIsraël restauréCollectivePour recevoir des bénédictions futures
És 65.15Mes élusIsraël restauréCollectivePour recevoir des bénédictions futures
És 65.22Mes élusIsraël restauréCollectivePour recevoir des bénédictions futures
1 Chr 16.13Ses élusLa nation d’IsraëlCollectivePour être serviteur de Dieu
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  1. À cause de sa désobéissance, Moïse n’a pas été autorisé à entrer dans le pays : cet aspect de son élection ne s’est donc par réalisé
  2. Ps 132.11 ; Jér 23.5 ; 30.9 ; És 9.7 ; 11.1 ; Luc 1.32,69 ; Act 13.34 ; Apoc 3.7
  3. Ex 13.3 ; 15.2 ; 1 Sam 15.29 ; 2 Sam 22.3 ; Ps 18.3, 27.2
Dossier : Élection et prédestination
 

Kerr Peter A.
Venant d’Afrique du Sud, Peter a enseigné durant de nombreuses années au Kawartha Lakes Bible College en Ontario, Canada. Depuis 2010, il est directeur pour le Canada des cours par correspondance Emmaüs.