Le plan glorieux de Dieu
Avant d’entrer dans le sujet, il est utile de faire quelques remarques générales :
- La compréhension du sujet demande de ne négliger aucun verset important, sans aller au-delà de ce qui est écrit. Commençons toujours par les Écritures et non par l’étude des écrits de théologiens, si bons soient-ils.
- Nous devons reconnaître qu’il nous est impossible de tout connaître du plan glorieux de Dieu — comme d’ailleurs sur n’importe quel autre sujet. Dieu a le droit de se réserver des aspects non révélés (cf. Jean 16.12) et il a choisi de ne pas tout nous expliquer (Deut 29.29).
- Même si nous ne sommes pas d’accord avec Dieu (car l’homme, par nature, est rebelle), Dieu ne changera ni son plan ni sa manière de faire pour nous plaire.
- Enfin, ayons confiance en Celui qui est totalement bon et juste.
1. Le fondement du plan de Dieu : la doctrine de Dieu
Dieu est « l’Éternel » : il n’est soumis ni au temps ni à l’espace et il existe en dehors de la création étant son Créateur souverain et immuable (Ex 3.15 ; Apoc 4.8-9). Dieu domine sur tous les aspects et les êtres de sa création (Dan 4.35 ; 1 Tim 6.15-16).Dans sa nature, Dieu est juste (Apoc 15.3), plein d’amour (1 Jean 4.8,16) et saint (És 6.3 ; 1 Pi 1.16). Il est libre de planifier et décider selon sa volonté souveraine, juste et pleine d’amour, et cela sans nous demander sur un quelconque sujet : « Cela vous plaît-il ? »
2. La définition du plan de Dieu
Les théologiens emploient le mot « décret » pour désigner l’ensemble du projet divin. D’autres termes synonymes sont utilisés dans le même sens : dessein, plan, décision, conseil arrêté… Ces mots affirment que l’Éternel Dieu a établi souverainement un plan global pour tout le déroulement de l’histoire humaine en accord avec le conseil de sa volonté. Ce mot « décret » ou « plan » est souvent mis au pluriel pour souligner que le plan de Dieu s’applique dans des domaines très variés. Le N.T. emploie plutôt le singulier pour mettre en relief l’unité et l’harmonie de la volonté de Dieu. Il a un seul plan composé de parties variées, qui recouvrent tout ce qui se passe dans notre univers en dehors de la Trinité. Dieu est ainsi la cause première de tout en dehors de lui-même.
3. Les caractéristiques du plan de Dieu
Le dessein divin est :
– unique et « simple », c’est-à-dire ni confus ni compliqué du point de vue de Dieu (Éph 1.11 ; Rom 8.28),
– sage (Rom 11.33 ; Éph 3.10),
– libre (Ps 115.3) ;
– éternel dans sa conception, sans évolution chronologique du point de vue de Dieu car il n’existe pas un passé, un présent, et un futur en Dieu — même s’il est bien évident que la réalisation du plan dans l’histoire est une succession d’événements, car nous vivons dans le temps et dans l’espace (Ps 33.9,11) ;
– immuable et inconditionnel (Éph 1.11 ; Jac 1.17) ;
– efficace (És 43.13 ; Prov 19.21).Le plan de Dieu inclut la stabilité de l’univers (Ps 119.89-91), tout événement (Dan 4.34-35 ; Act 17.26), les circonstances et la durée de la vie (Job 14.5 ; Ps 139.16), les événements « fortuits » (Mat 10.29-30), les actes libres des croyants (Éph 2.10 ; Phil 2.13) comme les actes libres des méchants (Act 2.23 ; 13.29).
4. Le but du plan de Dieu
L’Éternel décide et agit pour sa gloire. Lui, qui est parfait dans sa nature et dans ses attributs, a tout prédéterminé afin que sa gloire soit reconnue, que sa création reconnaisse qui il est et lui laisse la place qui lui est due de droit (Éph 1.6,12,14 ; Héb 13.21 ; Rom 11.36). L’être humain aime se poser la question : « Pourquoi Dieu a-t-il fait ou permis ceci ou cela ? » Le plus souvent nous n’avons pas de réponse. Le problème devient aigu lors d’une catastrophe ou d’un crime horrible. Le chrétien, quoiqu’il reste ignorant des raisons profondes et éternelles de tel événement précis, sait au fond de lui que c’est pour la gloire de Dieu.
Trois raisons font que nous avons de la difficulté à accepter que tel événement soit pour la gloire de Dieu :
– nous ne pouvons pas le voir du point de vue de Dieu ;
– nous n’avons pas tous les éléments en main pour comprendre ni pour juger l’affaire d’une manière adéquate et honnête ;
– nous ne pouvons pas connaître le but final planifié par Dieu.
Laissons à Dieu « le bénéfice du doute ». Si l’Éternel est Dieu, nous n’avons pas d’autre choix, étant donné ce que nous sommes, corrompus et ignorants des raisons souveraines de ses actes. Un jour, là-haut, nous comprendrons tout, et nous nous demanderons pourquoi nous avons été si vexés, si attristés, si contrariés, si incrédules, si critiques. Apprenons à laisser Dieu être Dieu !
5. Le plan de Dieu et le péché
Quel est le rapport entre le plan de Dieu et le péché ? Comment Dieu, qui est bon et veut le bien-être de tous, a-t-il pu permettre le péché ? Dieu est-il l’auteur du péché du fait qu’il est la cause première de tout ? Pourquoi le mal existe-t-il ?
Ces questions sont légitimes, car Dieu a fait de l’homme un être rationnel, même si sa raison sera toujours « abîmée » par sa nature pécheresse. L’homme qui cherche une explication adéquate pour l’aider dans sa foi de croyant la trouvera. L’homme qui pose des questions afin d’essayer de blâmer Dieu, parce qu’il ne veut pas accepter la solution offerte dans la Bible, n’aura jamais une réponse satisfaisante pour sa logique tordue. Le principe divin demeure : il faut croire avec l’œil de la foi pour pouvoir comprendre. Avant d’entamer ce sujet, que chacun examine son cœur : dans quel état suis-je spirituellement ? ouvert ou fermé, obéissant ou rebelle, humble ou orgueilleux, adorateur ou critique ?
Voici quelques éléments de réponse, à examiner ensemble, sans les séparer :
- La Bible place toute responsabilité du péché personnel sur le pécheur. Toute personne honnête reconnaît qu’elle est responsable pour ce qu’elle dit et fait. Au jour du jugement, toute bouche sera fermée et l’homme pécheur n’aura aucune excuse pour ce qu’il est, ni pour ce qu’il a fait. Il ne pourra jamais accuser Dieu pour ses propres œuvres de péché (Apoc 22.12 ; Ecc 12.16).
- Dieu hait le péché qui est contre sa nature et contre ses commandements pour le bien-être de l’univers (Ps 5.5-7).
- La crucifixion du Christ fut prévue avant la fondation du monde (Act 2.23 ; 1 Pi 1.19-20 ; Éph 3.11 ; 2 Tim 1.9). La croix répondit à un besoin précis, ôter le péché (1 Jean 3.5) ; elle fut donc « planifiée » ! Si elle fut planifiée, il est logique de déduire que le péché fait aussi partie du plan. À cause de l’Agneau immolé, présent dans les pensées de Dieu le Père avant la fondation du monde, nous savons que Dieu a été « au courant » du péché et l’a intégré dans son plan.
- Dans son omniscience, Dieu aurait pu créer un plan dans lequel n’aurait pas figuré le péché. Il a délibérément choisi autrement. Donc Dieu a un certain rapport, incompréhensible, avec le péché, et ceci en sachant que l’introduction du péché allait lui coûter son propre Fils (Jean 3.16). La présence du péché n’a pas pris Dieu au dépourvu.
- Dieu a créé des êtres (anges, hommes) libres avec la possibilité d’obéir ou de désobéir. Ceux qui ont désobéi au début sont les vrais auteurs du péché, car le péché n’a jamais commencé avec Dieu, il n’a jamais eu son origine en Dieu.
- Le plan divin renferme les actes volontaires, même mauvais, des hommes. Dieu a permis au péché d’exister. Pour autant, sa sainteté et sa sagesse divines ne sont pas souillées par l’existence du mal ; elles ne le sont pas par sa décision de permettre le mal. Dieu est donc responsable de la présence de l’idée du péché dans son plan, mais l’homme reste toujours responsable de son acte de péché (cf. Mat 26.24).
- Dieu ne nous a pas révélé dans les Écritures la raison pour laquelle il a permis le péché. Tout au plus, pouvons-nous constater que l’introduction du mal a permis à Dieu de révéler de cette façon sa justice, sa miséricorde et sa grâce en Jésus-Christ dans le salut du pécheur. Quel mystère ! Incompréhensible, voire invraisemblable et illogique pour notre raisonnement humain ! Mais qui dit que le Créateur doit se soumettre à notre façon de raisonner ?
- La présence du péché coûta infiniment plus à Dieu qu’à l’homme. L’horreur et la souffrance endurées par le Fils de Dieu incarné sont totalement incompréhensibles à l’homme. Le cri sur la croix (Ps 22.2 ; Mat 27.46) prouve que, s’il y avait eu une autre possibilité pour sauver l’homme, Dieu l’aurait fait. Il démontre donc que Dieu n’agissait ni égoïstement, ni insensiblement, en incluant le mal dans son plan.
6. Quelques observations pratiques sur le plan de Dieu
- Cette doctrine nous réconforte. Calvin disait que, s’il ne croyait pas à la souveraineté de Dieu, il serait l’homme le plus inquiet du monde, car il passerait son temps à penser à tous les accidents et les malheurs qui pourraient lui tomber dessus. Tout ce qui nous arrive est « couvert » par la souveraineté de Dieu.
- Cette doctrine nous encourage. Nous pouvons aller de l’avant dans notre vie quotidienne de chrétiens sachant que notre Père céleste nous a déjà préparé de bonnes œuvres pour que nous les pratiquions après notre conversion (Éph 2.10). Cela veut dire que chaque jour a sa « couleur », son utilité, ses leçons, voire ses disciplines, ses récompenses. Ceci enlève la monotonie de la vie : elle est une aventure extraordinaire qui se terminera lorsque nous arriverons à bon port.
- Cette doctrine influe directement sur notre service de témoins. Dieu a un autre but pour nous, autre que notre bonheur personnel, voire égoïste. Il veut que nous soyons des témoins pour Jésus Christ (Act 1.8 ; Mat 28.19). Si nous ne croyons pas au plan de Dieu pour nous dans ce domaine, nous serons frustrés et nous aurons mauvaise conscience. En se fiant à lui pour lui être obéissant, le Saint Esprit sera libre en nous pour rendre témoignage à travers nous de la personne et de l’œuvre de notre Seigneur à ceux avec qui il nous mettra en contact.
- Cette doctrine doit nourrir notre adoration pour notre Dieu si extraordinaire qui doit avoir la première place dans notre vie (Ps 145.21).
7. Conclusion
Ce que nous croyons influence fortement qui nous sommes et ce que nous faisons. Ainsi, ce que nous croyons sur la souveraineté de Dieu influence non seulement notre être entier, mais également nos actions. Prions simplement : « Père Céleste, manifeste ta souveraineté tout au long de cette journée et que je l’accepte ! »