Dossier: Quelles spiritualités
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La prière personnelle

1. Une définition de la prière personnelle

La prière personnelle est une communication personnelle avec Dieu. Ce n’est pas simplement parler, mais être en communication avec Dieu. Sans doute avons-nous tous déjà fait l’expérience qu’en priant, le Seigneur nous a parlé, a répondu à nos questions, nous a montré clairement sa pensée sur ce que nous lui avons présenté. Il est très important que nous nous rappelions qu’il y a ces deux sens : nous lui parlons, mais lui nous parle aussi.
La condition pour que nous ayons une communication avec Dieu, est que nous soyons avec lui dans une communion vivante et vécue, comme celle dont nous jouissons avec nos enfants, avec nos amis, avec nos frères et sœurs. C’est la base de la prière.

2. Des entraves à la prière personnelle

A. Le péché non confessé

Le péché non confessé est une entrave à la prière dans son sens général. Si je sais qu’il y a des choses non confessées dans ma vie, je peux les cacher devant les autres, mais devant Dieu ?
« Si j’avais regardé l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait pas écouté. » (Ps 66.18). Naturellement, ce verset peut être compris ainsi : si je réalise qui je suis, je ne prierai peut-être même pas ; mais aussi dans un autre sens : s’il y a des choses qui ne sont pas jugées en moi, dans ma vie, il semble que mes prières redescendent ou ne peuvent même pas dépasser le plafond. N’avons-nous pas déjà fait cette expérience ? Le péché est une grande entrave pour la prière. Et il peut arriver que nous ne puissions pas entrer en contact par la prière avec le Seigneur comme nous l’aimerions. Dans les Psaumes, le psalmiste supplie Dieu de lui révéler les péchés cachés qui pourraient être une entrave à la prière (Ps 19.13 ; 51.6 ; 139.24).
La communication, et donc la prière, est un acte essentiel. Si quelque chose se révèle être une entrave à la prière, nous avons tout intérêt à rechercher ce qui retient et à nous sentir totalement dans la présence de Dieu, afin qu’il nous aide à discerner ce qui nous a été une entrave.

B. Le manque de temps

Le manque de temps nous pose à tous un grand problème. Des hommes et des femmes de prière ont prié durant des heures ; quant au Seigneur Jésus, lui, a prié toute une nuit. Souvent, après avoir prié pendant cinq minutes, nous avons l’impression d’avoir bien suffisamment prié. À quoi, en fait, nous occupons-nous par ailleurs ? C’est une question de priorité. Si nous réalisons l’importance de la prière, nous y consacrerons plus de temps.

C. La routine

Le langage routinier, habituel, est une troisième entrave. Je suis peiné quand je me rends compte que je parle à Dieu d’une manière routinière, ou de façon répétitive. Dans la Parole, le Seigneur nous dit qu’il ne faut pas utiliser des répétitions en priant. Nous pouvons même aussi avoir certaines expressions que nous n’employons que dans la prière. Est-ce normal ?
On change souvent de ton quand on prie. Pourquoi ? La prière ne devrait-elle pas ressembler à la communication que nous avons avec la personne que nous aimons le plus ? Ce devrait être une expression très spontanée, réelle, et non le rappel ou la répétition de paroles déjà dites ou routinières. La prière ne doit pas donner l’impression qu’il faut changer de langage quand nous nous adressons à Dieu, mais elle doit être spontanée.
En tout cas, je sais que si je commençais à parler à ma chère épouse avec un débit un peu rapide et dans un français un peu spécial, comme pour l’impressionner, elle me regarderait avec étonnement en me disant : « Que se passe-t-il ? Que veux-tu dire ? Explique-toi. Dis clairement ce que tu veux. Parle normalement. »
Le Seigneur ne voudrait-il pas nous dire parfois la même chose : « Mais parle naturellement ; dis-moi ce que tu veux ; dis-moi ce que tu as sur ton cœur » ? Ce travers s’amplifie dans la prière commune, en famille ou en assemblée : vouloir impressionner les autres par la prière. Sans doute, cela déplaît au Seigneur. Disons-nous : « Je me tiens devant le Seigneur. Même s’il y a des frères et sœurs qui écoutent, c’est une affaire entre lui et moi. Je veux parler d’une façon que lui puisse comprendre. Eh bien, je dis ce que j’ai dans mon cœur. » La routine, le retour des mêmes formules et l’emploi de certaines expressions inhabituelles ne devraient pas caractériser notre prière.

3. Le secret du Seigneur

J’ai souvent été frappé de voir que le Seigneur Jésus connaissait tous les besoins autour de lui. De plus, il avait tout pouvoir pour aider. Pour nous, le premier obstacle est de ne pas discerner les vrais besoins autour de nous et le second réside en ce que nous sommes bien limités dans nos ressources. Mais comment le Seigneur, l’homme Christ Jésus, qui connaissait tous les problèmes qui se posaient autour de lui, qui avait toutes les ressources, a-t-il su ce qu’il devait faire et ne pas faire, ou à quel moment le faire ? La réponse est en Marc 1.35 : dès le matin, longtemps avant le jour, il est allé prier.
Il est le serviteur prophétiquement présenté en Ésaïe 50.4-8 :
« Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las. Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne. Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière. J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats. Mais le Seigneur l’Éternel m’aidera : c’est pourquoi je ne serai pas confondu ; c’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus. Celui qui me justifie est proche : qui contestera avec moi ? »
Le Seigneur a connu ce secret et l’a mis en pratique : apprendre à connaître la volonté de Dieu un jour après l’autre. Il est très important, pour nous aussi, de prendre le temps, tôt le matin, d’entrer en communication avec lui. Le voir, le contempler, mais aussi nous mettre à sa disposition et dire : « Seigneur, que veux-tu que je fasse aujourd’hui ? » Il ne nous donnera sans doute pas un emploi du temps détaillé de la journée, avec ce que nous devons faire et ne pas faire ; mais quand on se remet à lui avec la pensée de ce qu’il faudrait faire et qu’on lui montre notre disponibilité, alors la paix nous inonde, en contraste avec celui qui ne prend pas le temps d’entrer dans la présence du Seigneur, et c’est solennel.
J’en ai fait moi-même l’expérience. Quand je ne prenais pas le temps le matin de parler avec lui, de lui exposer mes besoins, je constatais souvent, en travaillant, qu’il me fallait faire plus d’effort pour discerner sa volonté. C’est là un des problèmes de beaucoup de chrétiens qui ne prennent pas le temps d’écouter le Seigneur pour savoir exactement ce qu’Il veut qu’ils fassent. Alors, mus par un vague sentiment de culpabilité, il nous semble que notre action ne correspond pas exactement à ce que le Seigneur attend de nous, et cela parce que nous ne l’avons pas suffisamment écouté le matin ; et nous multiplions les activités de façon désordonnée, croyant que par la somme de travail que nous fournirons, le Seigneur sera satisfait. Combien de fois, lorsque nous revenons au Seigneur le soir, s’il pouvait nous parler directement, il nous dirait : « Oui, tu as fait ceci et cela, et encore bien autre chose, mais j’avais prévu quelque chose de complètement différent pour toi. » N’est-il pas humiliant de devoir découvrir que notre activité, que nous pensions bonne, n’était pas selon sa pensée ? Le secret est de se mettre vraiment à la disposition du Seigneur et d’entendre ce que lui veut que nous fassions.
D’un côté, le but de se laisser ouvrir l’oreille, c’est la qualité de vie. D’un autre, le but de ne pas prendre le temps de prier, c’est la quantité de vie.
L’explicitation se trouve en 1 Corinthiens 3.9-15, au jour où nous paraîtrons devant le tribunal de Christ : ceux qui auront fourni la quantité, c’est-à-dire le bois, le foin, le chaume, verront leur ouvrage entièrement consumé, quand le Seigneur regardera de ses yeux, comme une flamme de feu. Par ailleurs, d’autres auront beaucoup moins travaillé, mais en qualité.
En Luc 19.11-27, chacun des dix serviteurs a reçu une mine. À celui qui d’une mine en avait produit dix, le Seigneur a dit : « Tu as été fidèle en ce qui est très peu de chose. » Le Seigneur recherche la qualité de vie et non la quantité. Aujourd’hui, même entre chrétiens, on se compare aux autres, en se disant que certains font plus que soi et on se laisse trop facilement influencer par ce que d’autres font. Mais il y a la quantité et non la qualité.
Basons-nous sur ce verset clé : « Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi » (És 26.3). Quel contraste entre cette personne qui jouit de cette paix parfaite parce qu’elle s’appuie sur le Seigneur et celui qui veut s’employer selon sa propre pensée, semblable à la bale chassée par le vent (Ps 1.4) !
Notre « mode de vie » est soit d’être dirigés et aidés par Dieu, avec pour seule ambition sa gloire, soit d’être remplis d’ambitions spirituelles. Les incrédules ne sont pas les seuls à avoir des ambitions ; même en tant que chrétiens, nous pouvons en avoir : aimer faire bonne impression, penser qu’il faudrait faire ceci ou avoir cela. Mais tant que la gloire du Seigneur ne demeure pas notre plus grande ambition, je crains qu’on ne se trouve du mauvais côté.

Conclusion

D’un côté, le modèle, l’homme Christ Jésus, d’un autre côté, les grands de ce monde auxquels on se compare et que l’on veut imiter. Que nous nous appliquions vraiment à plaire au Seigneur et, en ouvrant la parole de Dieu, que nous le cherchions, lui. Et plus on le connaîtra, lui, plus on sera transformés à sa ressemblance. Comme un mari et une femme se ressemblent après un certain temps, parce qu’ils ont beaucoup communiqué entre eux, le but de notre vie devrait être que les hommes puissent dire et reconnaître que nous ressemblons au Seigneur Jésus par une vie de prière, une vie de communion, de communication.
La Parole de Dieu met en contraste un arbre en pleine vigueur, chargé de fruits et la balle qui est souillée par le vent (Ps 1). Naturellement, c’est le contraste entre les croyants et les incrédules. Mais nous pouvons, dans notre vie, être semblables à ces incrédules, déstabilisés, toujours en train de courir, recherchant toujours quelque chose de plus grand. Que, par la Parole, nous puissions atteindre cette stabilité, découvrir cette profondeur et porter du fruit à sa gloire, en ayant une vie de prière personnelle vivante !

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