Dossier: Un regard chrétien sur la sexualité
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L’accompagnement à la réflexion d’une personne tentée par la transidentité

Le nombre de personnes désireuses de changer de genre (la transition, ou la transidentité) augmente et nous serons de plus en plus confrontés à cette réalité. Que faire ?

1. L’Église doit aimer

La souffrance d’un homme qui se sent femme ou d’une femme qui se sent homme ne doit pas être méprisée ou évacuée par un haussement d’épaules, ni critiquée ou, pire, faire l’objet d’insultes, de violences ou de haine. Une telle réaction est tout simplement indigne d’un chrétien et contraire à l’Écriture. Cette attitude ne saurait être constructive non plus.
Ce n’est pas parce que nous n’avons pas connu cette « dysphorie du genre » qu’il faut en minimiser la perception et la rejeter en estimant qu’elle est secondaire. Accueillons les personnes telles qu’elles sont, avec sérieux, avec considération. De plus, nous ne connaissons pas vraiment ni pleinement les causes de cette perception.
Aimons, aimons de la part de Christ, aimons comme Christ. Lui qui était saint et parfait, il a accueilli avec amour des gens complètement différents de lui, pécheurs discrets ou pécheurs notoires. Il a échangé avec eux sur ce qui est essentiel, l’évangile.

2. L’Église doit annoncer l’évangile

On doit annoncer l’évangile aux transgenres comme on doit annoncer l’évangile à tous ceux qui nous entourent. Il serait discriminatoire de priver une catégorie de la population du privilège d’entendre l’évangile. Dieu accueille les hommes et les femmes brisés que nous sommes pour qu’ils trouvent leur rédemption en Jésus- Christ. Il accueille les pécheurs, les gens troublés, les personnes mal à l’aise dans leur situation, dans leur vie, dans leur corps — tout comme il accueille les « bien-portants », c’est-à-dire ceux qui pensent ne pas avoir besoin de médecin (cf. Luc 5.31-32). Christ est la résurrection et la vie, il est le pain de vie qui satisfait profondément celui ou celle qu’il sauve.
Annoncer l’évangile veut dire aussi présenter Jésus comme un Sauveur et un Seigneur qui va réorienter toute la vie. Quelqu’un qui vient à Christ doit s’attendre à ce que sa vie change, y compris dans sa sexualité, sa perception du genre, ses relations familiales et sociales, son rapport à l’argent – en fait, dans tous les domaines de sa vie :

  • « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois » (Éz 36.26-27).
  • « Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3.5).

L’évangile est non seulement une source de pardon, mais il induit également dans la vie d’un nouveau chrétien des changements, des bouleversements — parfois très rapides, parfois plus lents, c’est très difficile à anticiper — mais il y a un renouveau du cœur, un réalignement des valeurs.

3. L’Église doit dire la vérité

La vérité biblique est qu’il y a une distinction mâle et femelle biologique et théologique. Physiquement, on est homme (mâle) ou on est femme (femelle) dans chacune de nos cellules. Aspirer à être quelqu’un d’autre est un déni de réalité, une offense contre son corps et contre son Créateur.
C’est ainsi que des lois symboliques de l’Ancien Testament interdisaient à un homme de mettre des vêtements de femme ou vice-versa. La beauté d’être mâle ou femelle, homme ou femme, doit se voir même dans les normes, fluctuantes, de la culture (cf. 1 Cor 11.14-15).
À ce titre, la repentance implique forcément une prise de conscience progressive de cette réalité. La réappropriation de la réalité de son genre se fait à la vitesse du Saint-Esprit — qui n’est pas toujours celle du pasteur ou d’un tiers et l’accompagnement dans cette appropriation peut être très long, très lent. Mais c’est le chemin de tout chrétien que de s’approprier cette nouvelle identité d’enfant de Dieu pour avancer progressivement sur les difficultés que l’on rencontre.

4. Les parents chrétiens doivent apprendre aux enfants la réalité de leur genre

Préparons nos enfants de façon intelligente.
Voici un contre-exemple fâcheux : un père empêche son garçon de jouer à la dînette sous prétexte que « c’est un truc de fille ». Non, faire la cuisine, n’est pas réservé aux femmes! Certains garçons sont excellents pour cuisiner et certaines femmes sont très compétentes pour conduire des camions ! Il faut vraiment permettre à nos filles et à nos garçons d’avoir un éventail d’activités qui sortent des stéréotypes habituels. Des questions de préférence ne doivent pas conduire à s’inquiéter du genre. Isaac avait deux fils aux personnalités très différentes et pourtant tous les deux étaient pleinement masculins.
Enseignons à nos enfants une solide théologie de la création: que l’être humain a été créé par Dieu, à son image, digne de respect et d’amour (Gen 1 ; Ps 8), que chaque être humain est une créature magnifique qui, même dans sa déchéance et son infirmité, reflète son Créateur (Ps 139).

5. Nos désirs et notre perception de la réalité nous éloignent du projet de Dieu

Nous avons tous besoin de grâce. Montrons l’exemple à nos enfants en n’hésitant pas à leur demander pardon pour nos propres défaillances, afin qu’ils soient encouragés eux-mêmes dans leur croissance spirituelle.
Enseignons à nos enfants que nos désirs ne sont pas toujours à suivre. Jésus dit que c’est du cœur que proviennent les mauvais désirs et toutes les passions qui nous brûlent et nous font mal (Mat 15). Un enfant, comme un adulte, a besoin de réaliser que son cœur le pousse loin des pensées de Dieu qui doit travailler dans son cœur.
Il est important que les parents encouragent les enfants dans ce qu’ils sont. Aimer inconditionnellement son enfant est important pour son identité. Cela suppose d’accueillir ses doutes, de discuter avec lui, de l’encourager à persévérer, d’exprimer que, nous aussi, nous avons besoin de croissance, de ne pas être scandalisé dès qu’il exprime une tentation ou un péché qu’il a envie de commettre, de ne pas être gêné lorsqu’il peut exprimer un mal-être quant à son genre. Au lieu de paniquer, de réprimer, accompagnons l’enfant dans sa réflexion.

6. L’Église doit avoir le courage de dénoncer la manipulation idéologique autour du genre

En France, au Canada, comme dans d’autres pays, la loi interdit les « pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre1 ». Les peines sont sévères et l’Église doit rester prudente dans son propos. Je note que la loi n’interdit pas l’encouragement à la réflexion, à prendre un peu de recul avant de considérer une transition. L’Église peut inscrire sa dé- marche dans cette perspective.
D’ailleurs, ces deux dernières décennies ont vu plusieurs personnes réaliser que la théorie du genre a conduit à des mutilations tragiques sur lesquelles on ne peut plus revenir. Il est possible que la pression pour modifier cette loi viennent de ceux et celles qu’elle était censée « protéger ».
J’ai entendu le témoignage d’hommes mûrs, mariés avec enfants, et qui ont réalisé une transidentité, en suivant un traitement hormonal puis une chirurgie complète. Quelques années plus tard, ils ont pris conscience que rien n’avait changé dans leur cœur et ont compris que le problème était autre. Ils ont abordé la question sous l’angle spirituel. Ils ont par la suite attesté que, finalement, ils étaient revenus mentalement, psychologiquement— mais pas physiquement car c’était désormais impossible — à leur genre initial et qu’ils avaient réintégré leur cellule familiale. Ils pouvaient attester combien Christ dans sa bonté les avait accueillis et transformés2.
Il faut avoir conscience de la croissance de ce phénomène de « détransition », alors même que la loi interdit (indirectement) d’en parler !
Alors que faire ?

  • Écouter la souffrance ou les désirs. Les comprendre. Faire cheminer sur les multiples causes de ces sentiments.
  • Annoncer l’Évangile. Un Dieu qui aime, pardonne, renouvelle. Une rédemption qui touche tout notre être, et tout type d’individu.
  • Encourager à la réflexion, à prendre du recul, des conseils, du temps. Ne pas exercer de pression morale indépendamment de l’Évangile qui est avant tout rédempteur.
  • Rejeter les « psychodrames » de réactions extrêmes. Les gens sont « libres ». S’ils ne sont pas en Christ, on n’a pas à les juger sur leurs comportements (cf. 1 Cor 5.13).
  • Renvoyer systématiquement un jeune croyant qui pose des questions à l’Écriture, et à l’Évangile. Ne pas tant adresser la question du genre que celle d’aimer Jésus de tout son cœur, dans le contexte d’une Église fraternelle, aimante, qui s’encourage réciproquement à viser ensemble la stature parfaite de Christ.

L’Église ne doit pas adresser une problématique idéologique par la science mais plutôt par les Écritures. Ce n’est ni le mandat ni la compétence de l’Église d’intervenir sur l’angle de la science. Si elle le fait, elle court le risque de :

  • Communiquer que la base morale pour évaluer est la science et non les Écritures.
  • Faire des erreurs grossières dans l’articulation de prémisses scientifiques qui peuvent miner sa crédibilité au niveau de la foi.
  • La connaissance scientifique est sans cesse mise à jour et ne saurait être un fondement stable pour la foi.

Notre identité de disciple est magnifiquement décrite dans des textes comme Éphésiens 1 par exemple. En concentrant l’attention de tous sur les trésors du salut, certaines préoccupations viennent vite en second plan.
Cherchons à mieux accueillir, mieux accompagner, mieux aimer et mieux être porteurs d’espérance dans un monde qui en a désespérément besoin.

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  1. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045097703. Consulté le 13 mai 2022.
  2. Analyse rapide sur SkyNews : https://news.sky.com/story/hundreds- of-young-trans-people-seeking-help-to-return-to-original- sex-11827740
Dossier : Un regard chrétien sur la sexualité
 

Varak Florent
Florent Varak est pasteur, auteur de nombreux livres. Il est aussi conférencier, et professeur d’homilétique à l’Institut biblique de Genève. Il est le directeur international du développement des Églises au sein de la mission Encompass liée aux églises Charis France. Il est marié avec Lori et ont trois enfants adultes ainsi que quatre petits-enfants.