L’autorité de Paul, 2 Corinthiens 10
Paul s’est beaucoup investi pour l’église de Corinthe. Mais, en son absence, certaines personnes cherchent à le discréditer dans l’esprit des Corinthiens. Leur but est de se présenter comme des personnes plus dignes de tenir le rôle d’apôtre. Elles lui adressent de nombreuses critiques :
• il ne tient pas ses engagements (2 Cor 1.15-17) ;• il n’a pas la carrure d’un chef (2 Cor 10.1) ;
• il marche selon la chair (2 Cor 10.2) ;
• il n’est pas un bon orateur, il n’a pas de prestance (2 Cor 10.10 ; 1.6) ;
• il les plonge dans la tristesse (2 Cor 2.5) ;•
il prêche pour son propre intérêt (2 Cor 4.5) ;
• il est cupide et rusé (2 Cor 7.2), charnel (2 Cor 10.2) ;
• il agit en « franc-tireur », sans recommandation ou mandat (2 Cor 3.1 ; 12.11).
Tout cela sape sa crédibilité et son autorité d’apôtre. Bien malgré lui, il se sent obligé de se défendre. Mais son but n’est pas de défendre son honneur et son statut, mais de défendre son ministère et de protéger les Corinthiens des prédateurs qui les menacent. Il défend son autorité spirituelle.
Étudions ce chapitre selon la formule « verset par verset » pour relever les caractéristiques de l’autorité de Paul.
v. | Texte | Commentaire |
1 | Moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ – moi, humble d’apparence quand je suis au milieu de vous, et plein de hardiesse à votre égard quand je suis éloigné | L’autorité exhorte avec bienveillance et bonté, avec humilité. Paul aurait pu chercher à s’imposer, mais il préfère que ce soit le choix des Corinthiens. |
2 | Je vous prie, lorsque je serai présent, de ne pas me forcer à recourir avec assurance à cette hardiesse, dont je me propose d’user contre quelques-uns qui nous regardent comme marchant selon la chair. | Paul pourrait faire preuve de hardiesse et assurance, et il le fera si nécessaire, pour le bien des personnes qui sont des dangers. Mais il préfèrerait ne pas y être contraint. |
3 | Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. | L’autorité ne fait pas intervenir la chair (capacités et motivations naturelles seules). |
4 | Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. | Elle utilise des armes puissantes par Dieu (4-5). Quelle différence avec l’autorité des hommes sans Dieu ! |
5 | Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ. | Elle conduit à la soumission à Christ (et pas à Paul, ou à un autre leader). Ce sont les fausses idées et les faux raisonnements qui empêchent de s’approcher de Dieu. Peut-être aussi de reconnaître l’autorité voulue par Dieu. |
6 | Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète. | La désobéissance et la contestation envers la volonté de Dieu auront des conséquences. L’autorité peut punir. |
7 | Vous regardez à l’apparence ! Si quelqu’un se persuade qu’il est de Christ, qu’il se dise bien en lui-même que, comme il est de Christ, nous aussi nous sommes de Christ. | L’autorité ne vient pas de la prestance naturelle, apparente. Il faut examiner les choses spirituellement, voir si cette autorité vient de Dieu. |
8-9 | Et même si je me glorifiais un peu trop de l’autorité que le Seigneur nous a donnée pour votre édification et non pour votre destruction, je ne saurais en avoir honte, afin que je ne paraisse pas vouloir vous intimider par mes lettres. | C’est le Seigneur qui donne l’autorité ; cette autorité construit et ne détruit pas ; elle est saine, juste, donc pas de raison d’avoir honte de l’exercer, à distance ou de près. Elle peut être exercée par des personnes d’apparence peu impressionnante. |
10 | Car, dit-on, ses lettres sont sévères et fortes ; mais, présent en personne, il est faible, et sa parole est méprisable. | L’autorité ne dépend pas d’une capacité à impressionner par une présence physique imposante ou par un style d’écriture dominateur. |
11 | Que celui qui parle de la sorte considère que tels nous sommes en paroles dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes dans nos actes, étant présents. | Jusqu’à présent, Paul avait été doux au milieu des Corinthiens ; mais pour leur bien, il pourra user de sévérité. |
12 | Nous n’osons pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils manquent d’intelligence. | Paul ne désire pas se justifier, se comparer, il fait appel à leur intelligence pour que ceux qui bravent son autorité réfléchissent. |
13 | Pour nous, nous ne voulons pas nous glorifier outre mesure, mais seulement dans la limite du champ d’action que Dieu nous a assigné en nous amenant jusqu’à vous. | L’autorité est déléguée par Dieu, dans un domaine limité (ce n’est pas une prise de contrôle total motivée par une fierté déplacée). Il est important, pour ceux à qui Dieu a donné une autorité, qu’ils connaissent bien le « champ d’action ». |
14 | Nous ne dépassons point nos limites, comme si nous n’étions pas venus jusqu’à vous ; car c’est bien jusqu’à vous que nous sommes arrivés avec l’Évangile de Christ. | Paul n’est pas intervenu « hors limites », dans un champ qu’il ne connaissait pas. Il intervient là où il a lui-même apporté l’Évangile. |
15 | Nous ne nous glorifions pas des travaux d’autrui qui sont hors de nos limites. Mais nous avons l’espérance, si votre foi augmente, de devenir encore plus grands parmi vous, dans notre propre domaine, | L’autorité n’essaie pas de trouver un champ d’action en « récupérant » le travail d’un autre. |
16 | en évangélisant les contrées situées au-delà de chez vous, au lieu de nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le domaine des autres. | Si Paul combat pour que son autorité soit reconnue, c’est pour le bien des Corinthiens et pour que l’Évangile soit répandu ailleurs aussi. |
17 | Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. | D’ailleurs il ne se réjouit que de l’approbation du Seigneur. Quand Dieu a donné une autorité, la chair risque de s’enorgueillir. L’antidote est là. |
18 | Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, c’est celui que le Seigneur recommande. | Notre service n’est pas validé – reconnu par notre propre recommandation ; mais par la recommandation du Seigneur. |
Conclusion
Paul n’est pas intéressé par le pouvoir ou la domination. Il ne cherche pas la reconnaissance ou l’admiration (2 Cor 12.15). Il veut servir, enseigner et faire grandir ses enfants spirituels. Son secret, c’est qu’il se considère à la fois :
• Comme un apôtre, investi d’une mission, mais appelé par grâce et non pour ses mérites (1 Tim 1.12-14) ou capacités (2 Cor 3.5) ;
• Comme un serviteur (esclave) de Jésus-Christ (Phil 1.1), serviteur (diacre) de l’Évangile (Col 1.23) et des saints (Rom 15.25).
Questions pour aller plus loin
a. Comment peut-on définir en quelques mots l’autorité de Paul ?
b. Comment peut-on agir avec autorité et humilité en même temps ?
c. L’autorité et l’humilité ont-elles un fondement commun ?