Le mot autorité dans le Nouveau Testament
1) Une famille de trois mots
Le mot « autorité » apparait une quarantaine de fois dans le Nouveau Testament NEG. Mais le mot original exousia apparaît deux fois plus souvent dans le texte original du N.T. Cette différence est due au fait que ce mot exousia est traduit en français par des mots très variés : autorité, mais aussi droit, pouvoir, puissance, possibilité, autorisation, juridiction, gouvernement.Pour mieux comprendre ce que le mot autorité représente dans le N.T., il est utile de repérer et étudier les versets qui contiennent ces différentes traductions du mot exousia (ce mot est référencé comme n°1849 dans la concordance « Strong »).Ce mot exousia n’est pas un solitaire ; il appartient à une famille de trois mots. Faisons connaissance avec cette fratrie.
2) Exesti
Le verbe impersonnel exesti signifie : il est permis, il est possible. Ce mot exprime :
• une permission générale, accordée ou non par une autorité (Jean 18.31) ;
• ou bien une permission personnelle spéciale (Act 2.29 ; 21.37 ; = permettez-moi de vous dire…) ;
• ou bien encore une permission qu’on se donne à soi-même (1 Cor 6.12).
3) Exousiazo
Le verbe exesti a fourni le nom exousia qui a fourni à son tour le verbe exousiazo, exercer une autorité, contrôler, maîtriser, dominer.Un texte prend un relief intéressant quand on y repère exesti et exousiazo :« …tout m’est permis (exesti), mais je ne me laisserai pas asservir (exousiazo) par quoi que ce soit » (1 Cor 6.12).Traduction libre : « …j’ai le pouvoir (= la permission, l’autorité) de tout faire mais je ne laisserai rien prendre le pouvoir (= le contrôle, l’autorité) sur moi ».
4) Exousia
Exousia indique d’abord la liberté d’action qui résulte d’une permission, cette liberté devient un droit (Jean 1.12 ; 1 Cor 9.5-6 ; 2 Thes 3.9) ou une autorisation. Paul avait ainsi la permission de la part des principaux sacrificateurs d’arrêter des chrétiens (Act 9.14). Cela lui a donné l’autorité légitime pour les persécuter. Puis il a reçu du Seigneur une permission / autorisation / autorité pour construire — et non démolir — l’Église (2 Cor 10.8 ; NBS) ; cela constituait son autorité d’apôtre.Le mot au pluriel désigne des personnages qui exercent l’autorité, comme en français « les autorités ». Il en existe sur la terre (les autorités civiles, Rom 13.1-2) et dans le domaine de Satan (les délégués de Satan, Col 1.13 ; 2.15).→ L’autorité au sens du N.T. insiste sur le statut ou le droit d’une personne, son domaine de compétence ou l’étendue géographique de sa compétence (juridiction, Luc 19.17 ; 23.7).
5) Conclusion
Un survol des textes du N.T. mentionnant l’autorité suggère les remarques suivantes :
• Les autorités spirituelles ont été dépouillées (Col 2.15) mais pas encore anéanties. Elles sont l’ancrage de la mauvaise autorité, mélange toxique de mensonge, de manipulation et d’orgueil ; cette autorité est nuisible, elle opprime, prive de liberté, appauvrit, vise la destruction et la mort (Jean 10.10).
• L’autorité du Seigneur a été renforcée par son œuvre parfaite ; elle est universelle et totale (Mat 28.18). Dieu a souverainement élevé son Fils Jésus-Christ ; il est digne de louange ! (Phil 2.9-11) Cette autorité est juste, bienveillante, bienfaisante, bénissante, stimulante, créatrice, créative, libératrice, progressiste. Elle donne un cadre où se développent la vie, la justice et l’amour. L’autorité divine est l’ancrage de l’autorité dans la famille chrétienne, dans l’Église, dans le Royaume de Dieu. Elle est le modèle pour l’enfant de Dieu.
• Le croyant reconnaît et reflète l’autorité divine. Il s’approprie les permissions que Dieu lui accorde et les mandats qu’il lui délègue. Sa capacité et son autorité viennent de Dieu (2 Cor 3.5 ; 10.8). Il reste humble comme le Seigneur (Phil 2.1-11) en attendant la récompense de Dieu (2 Tim 4.8).