Thomas, l’homme qui doute…
Il est très peu question de Thomas dans les Évangiles. Simplement cité dans la liste des apôtres dans les Synoptiques et les Actes, il est mentionné quatre fois dans l’Évangile selon Jean.
Par contre, il est presque universellement connu à cause de son attitude après la résurrection de Jésus. Qui n’a pas entendu quelqu’un s’écrier : « Moi, je suis comme Thomas, j’ai besoin de voir pour croire » ? C’est souvent la seule chose qu’on connaisse de lui et c’est un alibi facile pour refuser de croire !
Comme les autres apôtres, Thomas a été choisi et appelé par Jésus. Avec eux, il a suivi son maître pendant plus de trois ans. Comme les autres, il a reconnu en lui le Messie et il pensait qu’il allait bientôt établir son royaume. Comme les autres, il a entendu le Seigneur leur enseigner de multiples fois qu’il allait être rejeté, souffrir beaucoup, mourir et ressusciter après trois jours (Marc 8.31 ; 9.12,31 ; 10.32-34). Comme les autres, il n’a ni compris, ni reçu cet enseignement. Comme les autres, il est complètement désarçonné après la mort du Seigneur et son ensevelissement. Comme les autres, il ne s’attend pas à ce que le Seigneur ressuscite. Le soir du premier jour de la semaine, il ne se joint pas aux autres disciples réunis. Il n’est pas là quand « Jésus vint, se présenta au milieu d’eux » (Jean 20.19).
Pourquoi est-il absent ? Est-il trop accablé, désappointé pour se joindre aux autres ? Pourtant, la solitude risque plutôt d’aggraver son découragement.
Peut-être a-t-il trop peur pour prendre ce risque ? Pourtant, il a montré du courage en exhortant ses condisciples à monter à Béthanie lors de la maladie de Lazare : « Allons aussi, afin de mourir avec lui. » (11.16)
Dans la semaine, il retrouve les autres disciples qui lui annoncent la grande nouvelle : « Nous avons vu le Seigneur » ! Il refuse de les croire : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. » (20.25)
Pourquoi tant de résistance ? Il entend le témoignage d’au moins dix personnes et il n’est pas convaincu ! Chaque fois que Jean nomme Thomas, dans son Évangile, il ajoute son surnom « Didyme » (en grec Jumeau). Aurait-il eu un jumeau ? Probablement. Alors combien de fois l’a-t-on pris pour son frère et réciproquement ? Peut-être que ses amis n’ont vu le dimanche précédent qu’un sosie de Jésus ? Il lui faut des preuves ! On peut confondre quelqu’un avec un autre au point de s’y méprendre, mais imiter les marques des clous dans les mains et les pieds d’un crucifié, impossible ! Il faut qu’il voie et qu’il touche !
« Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! » (20.26-28)
Jésus est là au milieu des siens. On a l’impression qu’il n’est venu que pour Thomas ! Il a tout vu, tout entendu. Dans sa grâce, il rencontre Thomas au point où il en est : « Regarde, touche, crois. » Thomas est en face de ses propres paroles, il doit prendre une décision. Il pourrait s’excuser, expliquer son attitude, confesser son incrédulité… Non ! Il répond par une des plus belles confessions de la Bible sur la seigneurie et la divinité de Jésus, point culminant de cet Évangile !
Thomas est passé du doute à l’incrédulité. Celui qui doute dit : « Je ne peux pas croire ! Il y a trop de difficultés ! » L’incrédule dit : « Je ne croirais pas à moins que vous m’apportiez la preuve que je vous demande. » Jésus, lui montrant ses mains, lui apporte la preuve. Alors, dans l’esprit de Thomas, tout se remet en ordre : il voit tout clair ! Celui qui est devant lui est bien le Saint de Dieu, la résurrection et la vie, le Christ, le Fils de Dieu… Il est son Seigneur et son Dieu !
Jésus reconnaît la foi de son serviteur et bénit tous ceux qui, à la suite du témoignage des apôtres, croiront sans avoir vu : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » (20.29)
N’a-t-on pas parfois regardé Thomas d’un peu de haut ? Pourtant, ne lui ressemblons-nous pas souvent ? Dieu a permis que l’histoire de Thomas nous parvienne pour nous avertir et nous encourager. Nous pouvons être terriblement ébranlés au plus profond de nous-mêmes. Ce que nous vivons ne correspond pas du tout à l’idée que nous avions de la vie chrétienne. Nous pouvons alors être tentés de tout lâcher…
Et là, quelqu’un arrive et vous dit : « C’est moi, l’Éternel, ton Dieu, qui empoigne ta main droite et qui te dis : N’aie pas peur ! Je viens moi-même à ton secours. » (És 41.13, S21)