Servir dans un législatif communal
C’est en 2003 que je suis entré au conseil communal de Ballaigues, une petite commune suisse frontalière à la France et sise dans le Nord vaudois. L’organisation politique suisse prévoit qu’à chaque échelon institutionnel, communal, cantonal et fédéral, il y ait à la fois un organe législatif et un organe exécutif. Dans le canton de Vaud, le conseil communal (ou conseil général) est l’organe législatif d’une commune. La commune de Ballaigues compte environ 1200 habitants, autant d’emplois sur son sol, et gère un budget d’environ 8 millions de francs suisses.
Les tâches d’un législatif
À Ballaigues, le conseil communal se compose de 35 membres élus et se réunit environ 8 fois par année en séance plénière. Il approuve le budget de l’année à venir, les comptes de l’année écoulée, fixe le taux d’imposition communal, examine la gestion de l’exécutif et décide des investissements communaux (réseaux d’eau et d’épuration, bâtiments communaux comme salle de spectacle, salle polyvalente, poste, restaurant, chalets d’alpage, église, etc.). Il vote également des règlements de portée communale (règlement de police, déchetterie, épuration, cimetière, etc.) et suit l’implication de la commune dans des associations intercommunales (par exemple pour la gestion de la forêt et l’école pour ce qui nous concerne).
Servir la communauté
Depuis très longtemps, je me souviens avoir eu un intérêt pour la chose publique, suivant l’actualité tant régionale que nationale ou internationale par le moyen des journaux. L’implication de mon père dans ce même organe depuis 1983, de mon grand-père de 1943 à 1969 et de mes ancêtres dans la vie villageoise ont contribué à mon attachement à ma commune et au désir de servir mes concitoyens de cette manière. Le conseil communal comporte diverses commissions chargées d’examiner en profondeur certaines thématiques et de produire un rapport en vue du vote sur l’objet en question. J’ai le plaisir de siéger dans la commission des finances depuis 2006 : cela me permet de mettre les compétences acquises dans mes études d’économiste et dans mon activité professionnelle, au bénéfice de la commune.
Je vois mon engagement comme une forme de service en faveur de la communauté. Il est rendu d’autant plus facile que l’aspect partisan n’est pas présent (il n’y a pas de partis politiques), ce qui n’empêche pas que chaque membre du législatif ait sa propre sensibilité politique. Il est particulièrement agréable de ne pas avoir à suivre la ligne d’un parti, au risque d’être parfois en désaccord, mais de pouvoir voter et élire dans cet organe en toute liberté, sans pression aucune, en accord avec sa conscience.
Le conseiller communal a aussi la possibilité de faire des propositions par le biais de divers instruments. Il m’est ainsi arrivé d’intervenir plusieurs fois pour faire des propositions dans les domaines de la circulation ou de l’économie. Ainsi, servir, c’est pour moi faire des propositions, notamment dans deux domaines qui me tiennent particulièrement à cœur : améliorer la vie des villageois et prévoir l’avenir économique d’un village périphérique.
Un service qui forme le caractère
Dans ce service à la communauté, je souhaite donner le meilleur de moi-même et honorer Dieu : « Faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor 10.31). C’est pourquoi je souhaite dépendre de lui et puiser en lui les forces pour agir avec droiture, justice et honnêteté. En fait, comme dans toute autre activité, c’est la responsabilité du chrétien de montrer le fruit de l’Esprit qui est « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi » (Gal 5.22). Et c’est un exercice pour moi, car j’aime le débat et les joutes verbales, et aurais tendance, parfois, à m’emporter et à faire preuve d’impatience, de bien peu de bienveillance et de douceur. Rigoureux dans ma vision des finances communales, je dois aussi apprendre à accepter d’autres manières d’envisager les choses. Finalement, cela requiert de l’humilité : accepter, par exemple, que les propositions faites ne passent pas la rampe du vote ou que le point de vue que l’on a défendu soit minoritaire. Au final, comme l’ensemble de la vie chrétienne, c’est un service qui exerce ma foi et me permet de progresser, avec l’aide de Dieu, dans la formation de mon caractère.